Brésil
Le Brésil fut le dernier pays d’Amérique du Sud à abolir l’esclavage en 1888. Plus d’un siècle plus tard, le racisme y est toujours présent.
La carrière d'Angelo Assumpcao, gymnaste de haut niveau, a périclité après avoir dénoncé des propos racistes en 2015. Le doute lui vient souvent à l'esprit. Aurait-il pu participer à des Jeux olympiques ? Aurait-il accroché une médaille autour de son cou ? À 24 ans, ce jeune homme noir et musclé, élevé dans la banlieue de Sao Paulo, rêve toujours de devenir un sportif de haut niveau.
« Si je n'avais pas subi ce racisme, j'aurais déjà eu une médaille olympique. J’aurai déjà participé aux JO. On ne peut pas normaliser ce genre d'attitude », avance-t-il. En 2015, il a remporté la médaille d'or du concours de saut à la Coupe du monde de gymnastique artistique à Sao Paulo, bien qu'il ait remplacé Arthur Nory, blessé. Quelques jours plus tard, Nory a publié une vidéo dans laquelle, devant Assumpção, il faisait des blagues racistes avec les gymnastes Henrique Flores et Felipe Arakawa, également blancs : "De quelle couleur sont les sacs de supermarché ? Blancs ! Et les sacs poubelles ? Noirs !" Tous trois avaient été suspendus pendant un mois par la Confédération brésilienne de gymnastique et ont présenté leurs excuses. Mais la carrière d'Angelo a commencé à s'effondrer.
Black Lives Matter
Un an plus tard, aux JO de Rio, Nory a remporté le bronze. Angelo a dit qu'il avait surmonté l'incident, mais il admet maintenant qu'il était en dépression à cause de cela et d'autres "moments forts" de discrimination subis à Pinheiros. En 2019, il a quitté brutalement le club situé dans un quartier riche de Sao Paulo, où il a été élevé enfant, entouré de jeunes hommes blancs. Alors que le club évoque de mauvais résultats, Angelo Assumpçao se dit victime de discrimination.
« C’est très mauvais pour le Brésil d'avoir un athlète qui s'entraîne seul chez lui. Non seulement à cause de la pandémie mais aussi à cause de ce racisme, qui est très présent dans notre pays. » Au Brésil, 54 % des habitants sont noirs ou métis. Mais le gymnaste se dit esseulé dans son combat, comparé aux sportifs américains qui bénéficient du soutien des institutions dans le cadre du mouvement Black Lives Matter.
"Ça enlève tout espoir à la victime, qui paie le prix le plus élevé. Les auteurs de propos racistes sont toujours employés, avec des sponsors. Ils continuent à s'entraîner, pendant que je suis seul ici". L'année dernière un audit interne du club de Pinheiros avait révélé des "insultes racistes" et un "harcèlement moral" de certains athlètes et entraîneurs.
Sans contrat depuis dix mois, Angelo Assumpcao survit grâce à une cagnotte en ligne créée par ses proches.
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