Kenya
Environ 200 personnes ont manifesté lundi dans le bidonville de Mathare à Nairobi pour protester contre les violences policières, dans un pays où elles ont déjà coûté la vie à 15 personnes depuis l’instauration d’un couvre-feu destiné à empêcher la propagation du nouveau coronavirus.
Cette foule était surtout composée de jeunes et de mères portant des pancartes au nom de leurs amis, voisins ou fils tués ces dernières années dans des opérations de la police.
“Arrêtez les flics tueurs”, ou “Sauvons notre futur”, pouvait-on notamment lire sur ces affiches.
“Je suis ici pour manifester en soutien de nos jeunes qui sont morts aux mains de la police sans avoir rien fait et nous disons ça suffit en tant que mères de nombreux jeunes qui ont été tués après avoir été qualifiés de voleurs”, a déclaré Rahma Wako, une habitante du bidonville.
La police kényane a été impliquée dans la mort de 15 personnes depuis l’instauration du couvre-feu le 27 mars, selon l’Autorité indépendante de contrôle de la police (IPOA), qui a reçu 87 plaintes.
Les plaintes concernent des morts, des tirs, du harcèlement, des vols, des traitements inhumains et des agressions sexuelles, a précisé l’IPOA.
Des manifestations ont eu lieu dans le monde entier ces derniers jours pour protester contre le racisme et les violences policières, après la mort le 25 mai aux États-Unis de George Floyd, un homme noir de 46 ans, lors de son interpellation par un policier blanc.
Aucune manifestation véritablement d’ampleur n’a eu lieu au Kenya. Cependant, sur les réseaux sociaux, des activistes kényans ont établi un lien entre cet événement et le fléau des violences policières, souvent impunies.
Utilisation excessive de la force
La police kényane est régulièrement accusée par les groupes de défense des droits de l’homme d’utilisation excessive de la force et d’exécutions extrajudiciaires, en particulier dans les quartiers pauvres.
En avril, Human Rights Watch (HRW) avait accusé la police d’imposer le couvre-feu “de manière chaotique et violente, depuis le début”, parfois en fouettant, en battant ou en utilisant des gaz lacrymogènes pour forcer les gens à quitter les rues.
L’organisation avait notamment cité le cas d’un garçon de 13 ans, Yassin Hussein Moyo, décédé à Nairobi le 31 mars après avoir été victime d’un tir alors qu’il se tenait sur son balcon et que, dans la rue en contrebas, les policiers forçaient des habitants à rentrer chez eux.
HRW évoquait également un vendeur de tomates mort à Kakamega, dans l’ouest du pays, après avoir été touché par une cartouche de gaz lacrymogène.
Le ministre de l’Intérieur, Fred Matiangi, a critiqué vendredi dans un communiqué les dérives de la police, mais n’a “pas souhaité mettre tout le service dans le même sac”.
Jeudi, l’IPOA a annoncé que six officiers de police allaient être arrêtés et poursuivis, notamment pour le décès du jeune Yassin Hussein Moyo.
AFP
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