Inspire middle east
Pour ce premier épisode d’Inspire Middle East de 2020, découvrez le Palais présidentiel des Emirats Arabes Unis, le Qasr Al Watan, en compagnie de Rebecca McLaughlin-Eastham. Notre équipe s’est aussi rendue dans l’Emirat d’Oumm al Qaïwaïn, pour en savoir plus sur la cité antique d’Ed Dur. Enfin, direction l’Irak, un pays qui tente de récupérer les antiquités et objets d’arts volés lors des différents conflits et troubles sociaux.
Entouré de jardins luxuriants, le Qasr Al Watan – qui signifie littéralement “Palais de la nation” – se trouve au sein de l’enceinte du palais présidentiel, d’une superficie totale de 380 000 m2. Il a fallu près de 150 millions d’heures de travail pour construire cet imposant et luxueux monument en granit blanc et en pierre calcaire.
Notre visite commence dans le Grand Hall, qui abrite l’un des plus grands dômes du monde, ainsi que les installations de l’artiste émirati Mattar bin Lahej.
Selon le guide Mohamed Hussein, les mêmes couleurs pastelles ont été utilisées dans les 5000 motifs géométriques que l’on trouve dans les mosaïques, et sur les murs et sols du palais.
La Maison du Savoir est l’une des principales attractions touristiques du palais. Cette bibliothèque comprend près de 50 000 livres, qui traitent de la politique, la société, la culture et la littérature des Emirats. On trouve également la salle appelée “Esprit de Collaboration”, conçue pour accueillir les réunions du Conseil suprême fédéral des Émirats, ainsi que des sommets régionaux.
La salle est circulaire, pour une raison bien précise, comme l’indique Mohamed Hussein : “C’est crucial que tout le monde puisse se voir, mais c’est aussi important de souligner qu’aucun leader n’est supérieur à l’autre.”
L‘élément central de la pièce est un grand lustre de 350 000 cristaux, allumé uniquement lors d’occasions spéciales. “Cette salle est spécialement conçue pour accueillir trois types de réunions : le sommet du Conseil de coopération du golfe, la conférence de l’OCI – la réunion des pays islamiques – et la ligue des Etats arabes”, raconte le guide.
Plusieurs leaders politiques et religieux ont visité le Qasr Al Watan, comme le Pape François. De nombreux cadeaux diplomatiques sont ainsi exposés dans la salle des cadeaux présidentiels. Parmi eux, une pierre de quartz suisse, qui pourrait avoir 20 millions d’années selon l’estimation du palais.
Et comme aucune visite d‘État ne serait complète sans un dîner présidentiel, la salle de banquet de 300 places est dotée d’un unique service de vaisselle en porcelaine fine, gravé à la main. Enfin, l’orchestre de la police d’Abu Dhabi, appelé “la Symphonie de la nation” est chargé d’accueillir en musique les représentants officiels.
Le temple de Samash révèle ses mystères
L’Emirat dOumm al Qaïwaïn, situé à quelques heures de route d’Abu Dhabi, abrite l’un des sites archéologique les plus importants des Emirats Arabes Unis : l’antique cité portuaire d’Ed Dur.
Selon l’UNESCO, les archéologues de l’Émirat ont, depuis les années 70, mis à jour des vestiges de civilisations remontant à la période préhistorique de la Mésopotamie. Ils y ont découvert des maisons et des sites funéraires, ainsi que l’un des vestiges les plus remarquables de la région : le temps païen de Samash, construit il y a près de 2000 ans.
Dans ce temple, les historiens ont trouvé des inscriptions en araméen du mot “soleil”. Ils estiment qu’il pourrait s’agir d’un Dieu, vénéré par les habitants de la région il y a des milliers d’années. Cette découverte, et bien d’autres, aident les experts à reconstituer la première civilisation ayant existé dans la zone d’Ed Dur.
Découverte dans les années 1980, la structure du temple Samash a subi l‘érosion des années. En 2016, le Dr. Zaki Aslan et son équipe du Centre international pour la préservation et la restauration des biens culturels (ICCROM) de Sharjah ont entrepris de restaurer l‘édifice religieux : “Ce temple est unique. Il date du premier siècle et il n’y a rien de comparable, hormis deux temples : l’un datant de la période hellénistique en Egypte et l’autre situé en Iran”, s’enthousiasme Zaki Aslan.
L’un des points les plus intéressants du temple est sa pierre sculptée. L‘édifice a été principalement construit avec des pierres du littoral, mais des nanotechnologies ont révélé que la paroi extérieure avait été couverte d’un enduit, composé de sable et de chaux. Des découvertes qui permettront aux archéologues de percer les mystères du temple.
Se basant sur le travail des archéologues, une documentariste cherche, elle, à ramener l‘édifice à la vie et à combler les lacunes, grâce aux images de synthèses. Il s’agit de la Saoudienne Hana Makki, qui produit une série de documentaire sur les Emirats Arabes Unis : “L’archéologie n’est probablement pas la chose la plus attrayante à regarder. Les images de synthèse et le balayage laser lui donnent un côté plus concret, qui parle aux gens, et, espérons, aux jeunes d’aujourd’hui”, affirme Hana Makki.
Avec l’aide des historiens, la réalisatrice a illustré les relations commerciales entre Africains, Perses et Mésopotamiens, qui auraient fait des affaires dans la ville florissante d’Ed Dur, durant la période pré-islamique.
Hana Makki met également ces technologies au service de l‘éducation, pour rendre le savoir plus attrayant. Elle a notamment donné vie aux gravures de serpents trouvées à Wadi Saham, dans l’Émirat de Fujairah. On pense que le reptile était vénéré pendant l‘âge du fer, pour ses liens avec les ressources souterraines, comme l’eau. Une autre pièce du passé des Emirats Arabe Unis à explorer…
L’Irak veut récupérer ses biens historiques et culturels
Entre le Tigre et l’Euphrate se trouve la Mésopotamie. C’est là que les premières civilisations humaines auraient été formées, selon de nombreux historiens. A cette époque, la région brillait par sa littérature, sa politique et ses arts. Elle a aussi laissé un héritage scientifique considérable dans les domaines des mathématiques et de l’astronomie.
L’Irak possède aujourd’hui près de 15 000 sites archéologiques. “C’est l’une des plus grandes richesses archéologiques du monde. Quand vous creusez en Mésopotamie, vous trouvez des antiquités partout”, affirme le Dr. Abdulameer Al-Dafar, ministre irakien de la Culture.
Mais des années de guerre et d’instabilité ont rendu le pays vulnérable aux pillages. Au XIXe siècle déjà, les explorateurs européens ont rempli les musées de leur pays de trouvailles originaires d’Irak.
Après la guerre du Golfe de 1991, les lourdes sanctions de l’ONU ont conduit beaucoup d’Irakiens à déterrer illégalement des antiquités, pour gagner de l’argent sur le marché noir. Mais c’est à la suite de l’invasion américaine de 2003 que le trafic d’objets anciens a explosé.
Le Musée national de Bagdad a notamment été saccagé et 15 000 objets ont été volés. Il a fallu 12 ans au musée pour récupérer certains de ces biens pillés et rouvrir ses portes. Mais la chasse aux trésors se poursuit.
Wafaa Hassan, du Musée national irakien, dirige une petite équipe d’archéologues et d’avocats. En parcourant les sites Internet d’eBay ou de maisons de ventes aux enchères internationales, ils recherchent les objets d’art de leur pays, en collaboration avec les ambassades, les musées internationaux et Interpol.
Mais malgré leurs découvertes, la bataille reste ardue. Sur les 15 000 sites archéologiques d’Irak, seuls 10 % ont été fouillés. Beaucoup ne sont pas protégés et sont ainsi vulnérables aux pillages.
A l‘été 2014, l’organisation Etat Islamique a pris le contrôle du tiers du pays, y compris de la deuxième plus grande ville, Mossoul, et de ses nombreux sites archéologiques. Beaucoup d’antiquités inestimables ont été démolies ou revendues, pour financer les opérations terroristes.
En 2015, le groupe est entré dans le Musée de Mossoul et a détruit des statues de Lamassu, datant de l’empire Assyrien, 3000 ans avant Jésus-Christ.
On trouve encore des statues de ce type au British Museum de Londres. Après les destructions du groupe Etat Islamique, le musée londonien, associé à l’organisation caritative Factum Foundation, a offert à l’Université de Mossoul une reproduction exacte des statues.
Ces lions ailés à tête humaine ont été recréés grâce à la technologie et au savoir-faire humain, comme le détaille le Dr. Elizabeth Mitchell, archéologue au sein de la Fondation Factum : “Nous avons enregistré les Lamassu du British Museum, qui sont d‘énormes statues en gypse, d’environ 4 mètres de haut sur 4 mètres et demi de large. Elles ont été enregistrées à l’aide d’un scanner à lumière structurée, puis des mesures séparées ont été faites pour déterminer leur couleur. Les données ont ensuite été traitées, puis les statues ont été sculptées à l’aide d’une foreuse robotisée. Elles ont ensuite été moulées et enduites de cire. On a ainsi obtenu une représentation très précise du gypse, et des modèles originaux”.
Si ces reconstitutions ne remplaceront jamais les statues originales, elles pourront jouer un rôle important pour la mémoire collective en Irak.
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