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[Rétro 2019] Gabon : ces vents qui ont secoué les cocotiers du bord de mer

[Rétro 2019] Gabon : ces vents qui ont secoué les cocotiers du bord de mer

Gabon

Putsch manqué, « kevazingogate », arrestations de ténors du pouvoir, … Alors qu’Ali Bongo se battait contre un AVC, l’année 2019 aura été orageuse pour le Gabon, un des pays les plus stables d’Afrique centrale. Flashback.

Raphaël Nze Minko et Gervais Martial Koulayo Houlpaye dans la ligne de mire de la justice gabonaise. Ces deux hautes personnalités présentées comme proches (respectivement beau-frère et collaborateur) de Brice Laccruche Alihanga (BLA), ancien directeur de cabinet du président Ali Bongo sont sous le coup d’un mandat d’arrêt émis le 3 janvier dernier.

Un BLA cible emblématique de l’opération anticorruption baptisée « Scorpion ». Alors que rien n’indiquait il y a encore quelques mois, que le « Tout-puissant » et « messager intime du président » serait débarqué du poste de directeur de cabinet du président pour le poste de ministre en charge du suivi de la Stratégie des investissements humains et des objectifs de développement durable.

Au point que BLA est aujourd’hui incarcéré pour « détournement de fonds publics et blanchiment », tandis que son avocat Me Anges Kevin Nzigou, dénonce jusqu’ici une « affaire politique », car « on ne nous a pas dit ce qu’on lui reproche ».

>>> LIRE AUSSI : Opération anticorruption au Gabon : deux nouvelles arrestations Mais personne non plus ne s’attendait à ce qui était arrivé le 7 janvier 2019. Ce lundi-là, un commando dirigé par le lieutenant Kelly Ondo Obiang, commandant adjoint de la garde républicaine venait de prendre possession du siège de la radio et télévision nationales.

Promettant la formation d’un « Conseil national de restauration », les assaillants entendaient « garantir au peuple gabonais une transition démocratique » en appelant ce même peuple au soulèvement.

Si le commando a été mis hors d‘état de nuire, le Gabon souvent applaudi pour sa légendaire stabilité a pourtant eu droit à une deuxième tentative de coup d‘État de son histoire après celle du 17 février 1964.

Cet assaut était également le signe ostensible d’impatience et de spéculations non seulement du lieutenant Ondo Obiang, mais de beaucoup d’observateurs suite à « l’incapacité » du président Ali Bongo à diriger le pays en raison d’un accident vasculaire cérébral (AVC) qui l’avait attaqué le 24 octobre 2018 à Ryad.

Et comme pour dissiper les interrogations, les doutes et les supputations, Ali Bongo rentre au pays en mars 2019. Tant il avait juré dans ses vœux de nouvel an formulés depuis Rabat où il était en convalescence, « mettre mon énergie au service de notre pays et à l’amélioration de nos conditions de vie au quotidien ».

Expertise médicale

Quelque deux mois après son retour « définitif » au pays, Ali Bongo reprend du service. Et réaffirme son autorité dans le cadre d’une affaire qui défrayait déjà la chronique avant son retour. « Cette affaire est extrêmement grave. Il faut réagir avec la plus grande sévérité », déclara le locataire du Palais du bord de mer de Libreville.

L’affaire, c’est ce que des médias gabonais avaient appelé « kevazingogate », du nom du kevazingo, une précieuse essence rare.

Entre fin février et début mars, les autorités ont découvert et saisi au port maritime d’Owendo (sud de Libreville) 392 conteneurs contenant 5 000 m3 de bois de kevazingo abattus en toute illégalité. Mais, à la fin du mois d’avril, 353 de ces conteneurs avaient disparu…..« Dans la nature », ironisait un étudiant habitant le quartier Kinguelé de Libreville.

Selon Emmanuel Nzue, responsable d’une entreprise d’exploitation forestière, ce bois trafiqué aurait une valeur marchande d’au moins 140 milliards de francs CFA (241 millions de dollars).

De nombreux responsables firent les frais du kevazingogate. À l’image de Pierre Claver Maganga-Moussavou qui avait été révoqué des fonctions de vice-président de République. L’affaire a également fait perdre son poste de ministre des forêts et de l’environnement à Guy Bertrand Mapangou remplacé par Lee White, un Gabonais d’origine anglaise.

Mais pas suffisant pour décourager ceux qui doutaient des capacités physiques et mentales d’ABO à diriger le Gabon. Dans la même période, des opposants et acteurs de la société civile réunis au sein d’un collectif dénommé « Appel à agir » demandent une expertise médicale du président gabonais.

Nettoyer les écuries d’Augias ?

Rejetée par un tribunal, la requête est par la suite déclarée recevable par la cour d’appel de Libreville sur ordre de sa présidente Paulette Ayo Akolly. Malheureusement, cette dernière n’aura pas le temps puisqu’elle fut suspendue de ses fonctions par le ministère gabonais de l’Intérieur, de la Justice, garde des Sceaux.

L’accréditation d’Yves Laurent Goma, correspondant de RFI fut même suspendue pour deux mois pour avoir déclaré dans son reportage sur le défilé relatif à la fête d’indépendance le 17 août que « le président ne s’est à aucun moment levé comme autrefois pour saluer les troupes de l’armée ».

>>> LIRE AUSSI : L’audience en appel sur une expertise médicale du président gabonais n’a pas eu lieu Mais si le débat sur sa santé semble faiblir, les arrestations de ces derniers mois et la nomination de ses proches dont son fils Noureddin Bongo Valentin résonnent également comme une manière pour Ali Bongo de nettoyer les écuries d’Augias dans son palais du bord de mer.

C’est donc un Gabon qui, contrairement à son tempérament habituel, aura servi l’année dernière, une image fort ambiante et mouvementée. Et 2020 ? Aux prophètes, s’il y en a, de prédire.

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