Tanzanie
Un journaliste tanzanien a été arrêté jeudi à Dar es Salaam par la police qui l’accuse d’avoir diffusé de fausses nouvelles au cours d’une émission télévisée qui faisait état de brutalités policières contre des jeunes en garde-à-vue, a-t-on appris vendredi auprès de son avocat.
Joseph Gandye, qui travaille pour Watetezi TV, “est accusé de publication de fausses informations”, a indiqué à l’AFP l’avocat Jones Sendodo, qui a assisté le journaliste jeudi lors de son interrogatoire à Dar es Salaam.
Selon la Coalition tanzanienne des défenseurs des droits de l’homme (THRDC), qui a créé Watetezi TV, une émission présentée par Joseph Gandye le 9 août accusait des policiers du commissariat d’Iringa, dans le sud de la Tanzanie, d’avoir forcé six jeunes en garde-à-vue à “se sodomiser entre eux”.
Le journaliste a été transféré vendredi de Dar es Salaam vers Iringa. “Ils viennent juste de le transférer à Iringa. Il y a un autre avocat qui va l’assister”, a ajouté Me Sendodo.
L’arrestation de M. Gandye survient moins d’un mois après celle d’Erick Kabendera, un journaliste indépendant réputé travaillant pour des médias nationaux et étrangers.
Pas de liberté sous caution
La police a accusé M. Kabendera d’avoir acquis frauduleusement la nationalité tanzanienne, puis d’avoir publié des informations “fausses et séditieuses”, avant de successivement abandonner ces charges et de l’inculper finalement pour crimes économiques (crime organisé, blanchiment d’argent et évasion fiscale).
Ces accusations excluent toute possibilité de libération sous caution, selon le droit tanzanien, et le journaliste est toujours détenu.
Les circonstances de cette arrestation et le flou des accusations ont conduit des ONG nationales et internationales à dénoncer un acharnement contre le journaliste.
Les ambassades britannique et américaine en Tanzanie avaient aussi réagi en se disant “profondément inquiètes de la dégradation des procédures judiciaires en Tanzanie, caractérisée par le recours à de longues détentions préventives et à la modification des charges”.
Depuis l‘élection du président John Magufuli fin 2015, des meetings de partis d’opposition ont été interdits, des responsables de l’opposition arrêtés et poursuivis, des journaux fermés et des journalistes et artistes molestés ou menacés de mort, après avoir critiqué le gouvernement.
La Tanzanie était au 75e rang mondial du classement de la liberté de la presse de Reporters sans frontières en 2015. En 2019, elle n’est plus que 118e.
AFP
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