République démocratique du Congo
Altercations entre militants, débats au Parlement, … En RDC, l’affrontement entre le camp de Joseph Kabila et celui du nouveau chef de l‘État Félix Tshisekedi pourtant alliés, est désormais acté. Et semble déjà tourner à l’avantage de l’ex-président équipé d’une importante armure institutionnelle.
Une journée de mercredi fort mouvementée en RDC, ainsi qu’en témoignent de nombreux messages sur les réseaux sociaux qui font état d’altercations entre militants du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), parti de l’ex-président Joseph Kabila et ceux de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) du nouveau président félix Tshisekedi.
Les bérets rouges du PPRD pic.twitter.com/CUVjzo5kWO
— Michael Tshibangu (@MichaelTshi) 12 juin 2019
Des incidents assortis d’un avertissement. « Nous mettons en garde les militants de l’UDPS par rapport à cette barbarie. Ils doivent respecter notre coalition. S’ils ne la respectent pas, nous sommes prêts à y mettre un terme », a déclaré à l’AFP, Papy Mpungu, président des jeunes du PPRD.
Et pour cause : « Trop c’est trop. Ils ont cassé (nos sièges) au niveau des provinces, s’ils continuent, nous aussi, on va casser », a tempêté l’un des cadres de la jeunesse du PPRD, Jean-Michel Boloji, applaudi par ses camarades.
Donc une réponse aux « combattants » de l’UDPS qui ont saccagé mardi le siège du PPRD à Lubumbashi au Katanga, d’après des témoins. Selon ces mêmes sources, ce saccage est l’expression du mécontentement des partisans de Tshisekedi envers le camp de Kabila.
Sentiment consécutif à une remise en cause par des parlementaires du PPRD de la régularité constitutionnelle de la nomination par le chef de l‘État de deux citoyens à la tête d’entreprises publiques. Il s’agit d’Antoine Gabriel Kyungu wa Kumwanza (80 ans) au poste de président du conseil d’administration de la Société des chemins de fer congolais (SNCC) et d’Albert Yuma président du conseil d’administration de la générale des carrières et des mines (GECAMINES).
Pourtant, au lendemain de la présidentielle du 30 décembre dernier, Félix Tshisekedi et son prédécesseur avaient conclu un « deal » afin que « l’alternance se fasse pacifiquement », ainsi que le déclarait Tshisekedi en fin février dernier lors d’un séjour à Windhoek (Nambie).
Kabila très favori
Toutefois, ce deal semble piétiner et surtout tend vers l’inconnu. Tant la coalition Kabila-Tshisekedi tarde à s’entendre sur les personnalités qui devraient faire partie du futur gouvernement. Comme cela a été le cas pour la nomination du Premier ministre qui s’est faite après moult tractations politiques entre les deux leaders.
Arrivé au pouvoir en 2001 après l’assassinat de son père Laurent Désiré Kabila, Joseph Kabila Kabange a été élu en 2006 avant de remporter la présidentielle de 2011. Mais, il avait d’abord refusé de quitter le pouvoir en 2016 conformément à la constitution qui limite à deux le nombre de mandats.
La répression des manifestations contre son maintien avait fait de nombreux décès au sein de l’opposition et la société civile d’abord en 2016 puis en 2017. Et contre toute attente, il a refusé de se présenter à l‘élection présidentielle.
Mais bien que son dauphin ait perdu l‘élection au profit de l’ancien opposant Tshisekedi, des observateurs estiment que Kabila reste fort et dispose d’une forte capacité de nuisance.
Les altercations entre militants ne sont donc que la partie visible de l’iceberg, qui cache mal un grand combat entre géants de la politique congolaise. Et c’est l’ancien président qui semble remporter jusqu’ici toutes les batailles. Mais surtout gagner tout le combat. Tant le camp de l’actuel président est rongé par des querelles de leadership et que Kabila dispose d’une redoutable arme à la fois constitutionnelle et institutionnelle.
Les 300 députés (sur 500) du FCC pourraient par exemple évoquer l’article 166 de la Constitution qui stipule que « la décision de poursuite ainsi que la mise en accusation du président de la République et du Premier ministre sont votées à la majorité des deux tiers des membres du Parlement composant le congrès suivant la procédure prévue par le règlement intérieur ».
Toutefois, en politique, les retournements de situation sont si fréquents qu’il est indécent de prédire l’issue d’une crise.
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