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Tchad : déjà plus de 300 jours sans réseaux sociaux

Tchad : déjà plus de 300 jours sans réseaux sociaux

Tchad

Les internautes tchadiens toujours privés des réseaux sociaux. Une rupture qui a passé la barre des 300 jours. Le gouvernement évoque tout simplement des problèmes techniques.

La fracture internet s‘éternise au Tchad. Cela fait, en effet, plus de 300 jours que les internautes n’ont pas accès aux réseaux sociaux. Tout a débuté le 28 mars, lorsqu’une conférence nationale constituée d’hommes politiques et chefs traditionnels a recommandé un aménagement de la Constitution qui permettrait au chef de l’Etat Idriss Déby Itno – en place depuis 1990 – de gouverner jusqu’en 2033.

Face à la grogne, l’accès à internet a été restreint, notamment sur les réseaux sociaux dont Facebook, Whatsapp, Viber et Twitter. Les opérateurs de télécommunication comme Airtel et Tigo ont rejeté la responsabilité sur les autorités tchadiennes qui leur auraient donné ordre de couper les messageries.

Au Tchad, l’organisation Internet Sans Frontière (ISF) veut mettre en lumière cette restriction qu’elle considère comme une violation flagrante de la liberté d’expression. Le 19 janvier, le groupe basé à Paris a mis en place une campagne portée par le hashtag # Maalla_Gatétou (littéralement en arabe tchadien « Pourquoi as-tu coupé la communication »). L’idée est de pousser les utilisateurs à partager leurs expériences.

Changement de stratégie

En soutien à cette campagne, ISF a également aidé à financer l’installation de réseaux privés virtuels pour contourner la censure. Car, selon l’organisation, ce sont quelque 400 000 internautes tchadiens qui sont concernés. Mais le succès de la campagne – censée durer six mois – a été mis à mal par des questions pratiques. Par exemple, ils sont nombreux les internautes à ne pas pouvoir envoyer leur vidéo. Un giga de données mobiles coûtant 13 dollars (soit 6 500 francs) au Tchad. L’un des prix les plus élevés en Afrique. Aussi, les autorités tchadiennes ont interdit une manifestation prévue à N’Djaména pour dénoncer la situation.

Avec cette coupure inédite, le Tchad bat sans aucun doute le record de la plus longue restriction internet en Afrique, loin devant le Cameroun dont le blackout total en régions anglophones a duré 230 jours. Une perturbation toutefois symptomatique de ce qui se passe ailleurs en Afrique où les gouvernements ont trouvé dans les coupures internet un puissant moyen de taire la voix des dissidents. Rien qu’en janvier 2019, le Soudan, la République du Congo et le Zimbabwe – en proie à des troubles – ont eu recours à cette pratique. Même si, de plus en plus, les gouvernements ciblent les réseaux sociaux, plutôt que les infrastructures internet, essentielles à la croissance économique.

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