Maroc
Le Maroc, à l’instar des autres pays musulmans où les boissons alcoolisées sont interdites, est confronté au sempiternel problème du taux élevé de diabétiques, consécutif à la consommation à grande échelle de boissons sucrées. Pour tenter de réduire ce taux, les législateurs du royaume chérifien ont opté pour la taxe sur ces boissons, ce qui pourrait peser sur les finances publiques. Mais il n’y pas que le diabète qui fasse des dégâts dans le royaume.
L’hypertension artérielle trône au sommet des maladies cardiovasculaires causées par la consommation des boissons sucrées au Maroc. L’alerte est donnée depuis un certain nombre d’années par bon nombre d’institutions, particulièrement en ce qui concerne le diabète. Pour réduire l’ampleur de ce phénomène de société, les membres de la première chambre marocaine ont opté pour des amendements du projet de loi de finances (PLF) 2019.
Pour ce faire, les membres de la commission des Finances ont adopté (à l’unanimité) deux mesures dimanche dernier : d’abord, la hausse de la Tic (taxe intérieure sur la consommation) à 50 %. Sont concernées les boissons gazeuses (ou non) qui contiennent du sucre. Ensuite, l’ajout d’une TVA dite spécifique. Celle-ci s’attaque aux boissons gazeuses ou non-gazeuses, qui ont plus de cinq grammes de sucre pour 100 ml. Cette tâche ne s’annonce pas aisée dans un pays où la consommation de ce type de boissons est monnaie courante, compte tenu de l’interdiction des boissons alcoolisées.
‘‘La première mesure vise les consommateurs, la seconde, les producteurs.’‘, fait savoir Mustapha Ibrahimi, député du Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste). Présenté comme le maître à penser de cet amendement, ce chirurgien de profession avait déjà demandé au Parlement d’adopter ses propositions il y a peu. D’ailleurs, il compte s’attaquer aux produits laitiers au cours du prochain PLF.
La commission des Finances, qui compte bien corser les choses, s’est aussi penchée sur deux autres mesures : augmenter les droits de douane sur les boissons à forte teneur en sucre et supprimer purement et simplement la subvention sur le sucre. Cette dernière fait les choux gras de l’industrie agro-alimentaire.
Lutter contre l’industrie du soda, grosse pourvoyeuse d’emplois et d’argent
‘‘La compensation (…) du sucre (…) sera maintenue’‘, a pourtant laissé entendre Mohamed Benchaâboune, le ministre marocain de l‘Économie et des Finances. C‘était au cours d’une conférence de presse consacrée à la présentation du PLF 2019.
L’entente n’a cependant pas été parfaite au sein des parlementaires marocains. A ce propos, un élu fait savoir qu’‘‘au sein de l’administration, on a bien senti que ça dérangeait’‘. La cause ? L’argent. En effet, le secteur de la limonaderie est un gros pourvoyeur d’emplois et engrange de gros bénéfices.
A ce titre, Mustapha Ibrahimi sort de ses archives un dossier relatif à une étude publiée en 2014 par le cabinet McKinsey, selon laquelle l’obésité (une des conséquences de la forte consommation de boissons sucrées) coûte à peu près 2,2 millions d’euros chaque année aux finances publiques. De quoi donner le vertige aux autorités du royaume.
Mais qu’en est-il de l’impact des taxes sur ces boissons ? A cette question, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) apporte sa réponse dans un rapport datant de 2017. L’organisation onusienne affirme qui’l existe ‘‘des preuves croissantes’‘ que l’adoption de taxes sur les boissons sucrées conduit à une ‘‘réduction proportionnelle de la consommation’‘.
Le Mexique semble avoir en effet inspiré le Maroc. Pays parmi les plus touchés par la surconsommation de boissons sucrées au monde, le Mexique est aussi frappé par un taux d’obésité élevé. En 2014, ce pays d’Amérique latine a imposé une taxe sur les boissons sucrées, jugée légère par certains.
Des malades par millions, des décès par milliers chaque année
D’après les parlementaires marocains, l’impôt mexicain sur ces boissons a permis une nette diminution, ‘‘notamment dans les couches sociales les plus exposées, qui sont les plus modestes, tout comme au Maroc’‘, soutient Ibrahimi.
Mais le rapport de l’OMS est pris à contre-pied par certains. ‘‘Les maladies chroniques et de longue durée sont à l’origine de la moitié des dépenses de la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (Cnops).’‘, affirme Aziz Khorsi, chef de division au sein de la Cnops, l’assurance santé des fonctionnaires marocains. Cette maladie (le diabète) ‘‘progresse de manière vertigineuse’‘, aux dires d’Aziz Khorsi.
Les chiffres sont alarmants et parlent d’eux-mêmes. D’après la Ligue marocaine de lutte contre le diabète, ce sont environ deux millions de Marocains qui sont touchés par cette maladie. Cette assertion est soutenue par plusieurs spécialistes. Et pour ne rien arranger, plus de la moitié de ces malades ignorent leur état de santé.
L’OMS reconnaît aussi que 12.000 morts sont à déplorer chaque année dans le royaume, pour cause de diabète. Et les choses ne sont pas prêtes de s’arranger étant donné le nombre pléthorique d’entreprises (étrangère surtout) présentes au Maroc, spécialisées dans la production de soda.
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