République démocratique du Congo
Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de RDC, Corneille Nangaa séjourne à Séoul pour récupérer quelque 70 000 machines à voter déjà disponibles et prêtes à être expédiées vers Kinshasa.
L’annonce a été faite ce jeudi 30 août par Norbert Basengezi, lors d’une conférence de presse. Selon le vice-président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) le président de l’institution Corneille Nangaa se trouverait en ce moment à Séoul, capitale de Corée du Sud où sont produites ces machines à voter.
Il est question pour Corneille Nangaa d’effectuer des démarches d’expédition aux fins de l’acheminement vers la RDC de ces dispositifs qui seront utilisés lors des élections générales dont la présidentielle du 23 décembre.
La machine à voter se présente sous la forme d’un écran tactile. Pour chacune des trois élections (présidentielle, législatives et provinciales), la photo des candidats apparaît sur l‘écran. L‘électeur choisit son candidat président, député national et député provincial. À la fin de l’opération, la machine imprime les trois noms choisis au dos du bulletin de vote que l‘électeur va plier et glisser dans l’urne. À la clôture des votes, la machine affiche les résultats (nombre d’inscrits, de votants, taux de participation, nombre de voix par candidats).
Et depuis l’arrivée des 1 200 exemplaires à Kinshasa, les autorités mènent une vaste campagne de sensibilisation destinée à familiariser les électeurs avec l’outil. « Depuis avril 2018, 1 200 machines à voter sont à l’intérieur du pays dans le cadre de la sensibilisation des électeurs. Pendant 4 mois, aucune n’est tombée en panne », a déclaré Norbert Basengezi.
Des machines à frauder ?
Ces machines aideraient aussi à minimiser les dépenses. « Avec ces machines à voter, le pays aura gagné en termes d’argent, de temps pour ne pas aller jusqu’en août 2019 avec des bulletins pré-imprimés utilisés en 2006 et en 2011 qui n’ont pas empêché que les élections soient traitées de catastrophiques. Le problème est donc ailleurs et pas avec ces machines à voter », a déclaré Norbert Basengezi.
Des mérites qui, jusqu’ici, peinent à convaincre des opposants et des acteurs de la société civile. Lors d’une réunion organisée en mi-juillet, le Rassemblement, plateforme dirigée par Félix Tshisekedi, leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) avait dit tout haut tout le mal qu’il pense de la machine à voter qui favoriserait la fraude au profit du candidat du pouvoir.
Des chancelleries étrangères n’ont pas ménagé les mots pour également critiquer la fameuse machine. À l’image de la Corée du Sud, pays de provenance de ces dispositifs tactiles.
« L’utilisation de ces machines à voter pourrait donner au gouvernement congolais un prétexte pour des résultats indésirables liés aux élections, notamment le retard additionnel de la tenue des élections, et aussi le danger de devenir une cible des critiques », avait écrit en avril dernier l’ambassade coréenne à Kinshasa, tout en nuançant que l’Etat coréen n’avait pas le droit de « décourager de force une société privée coréenne à ne pas exporter ses produits ».
Et ce n’est pas tout…. Le fichier électoral est lui aussi sujet à de vives critiques. Selon l’opposition, l’actuel fichier électoral contiendrait près de 10 millions « d’enrôlés fictifs, représentant près d’un quart du nombre total d’électeurs enrôlés ». Surtout que l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), ayant détecté 16 % d’enrôlés sans empreintes digitales, avait proposé d’apporter quelques améliorations.
Des doléances restées jusqu’ici lettre morte, selon des opposants.
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