Egypte
A la tête d’un régime autoritaire, le chef de l’Etat égyptien Abdel Fatah al-Sissi est assuré de sa réélection lors du scrutin présidentiel qui s’est ouvert lundi et dont l’unique enjeu réside dans la participation.
Dans un pays confronté à des attaques jihadistes depuis 2013 et où le groupe Etat islamique (EI) a promis de s’en prendre à des lieux liés aux élections, les opérations de vote se sont déroulées sous haute surveillance au premier jour de la consultation.
Détecteurs de métaux et soldats en armes à l’entrée, véhicules blindés stationnés en plusieurs points de la capitale: les mesures de sécurité prises par les autorités étaient ostensibles, notamment après une attaque samedi à Alexandrie (nord) dans laquelle deux policiers ont été tués.
Dans une école du quartier huppé d’Héliopolis, placée sous haute sécurité, M. Sissi, 63 ans, a voté dès l’ouverture des bureaux, à 09H00 (07H00 GMT).
Son unique adversaire Moussa Mostafa Moussa, 65 ans, un soutien notoire de M. Sissi qui dit s‘être présenté pour éviter au président de se retrouver seul en lice, a fait de même ailleurs au Caire. “J’appelle tout le monde à participer avec force pendant ces trois jours”, a-t-il déclaré à la presse.
Récompense
“Rien ne fera peur au peuple égyptien, ni les attaques terroristes ni quoi que ce soit d’autre”, a déclaré de son côté le Premier ministre Chérif Ismaïl en sortant du bureau de vote à Héliopolis. “Grâce à Dieu, le taux de participation sera élevé”.
Devant l’absence de compétition réelle, les regards se tournent vers le taux de participation. A la dernière présidentielle, il n’avait atteint que 37% après deux jours, incitant les autorités à prolonger de 24 heures, pour atteindre 47,5%.
?? Premier jour d’un scrutin présidentiel sans surprise en Egypte : le président sortant Abdel Fattah al-Sissi quasiment sûr d‘être reconduit… pic.twitter.com/TDGsa8AsPy
— Le journal Afrique (@JTAtv5monde) 26 mars 2018
Preuve de l’importance de la question, la gouverneure d’Al-Bahaira (nord) Nadia Abdo, a dit aux responsables locaux que les localités au fort taux de participation seraient récompensées. “Nous leur fournirons l’eau, l’assainissement (des eaux usées), l‘électricité”, a-t-elle affirmé à la télévision.
Aucune donnée officielle n‘était encore disponible lundi soir sur le taux de participation après la fermeture des bureaux de vote à 19H00 GMT. L‘élection doit se poursuivre mardi et mercredi.
Mahmoud el-Chérif, porte-parole de l’Autorité nationale des élections a évoqué une “forte participation” au Caire, à Guizeh, à Alexandrie et à Assouan (sud) et dans le nord du Sinaï. Mais sans avancer de chiffre.
Durant la journée, des supporteurs de M. Sissi ont dansé en brandissant des drapeaux égyptiens devant plusieurs bureaux de vote du Caire.
Quelque 60 millions d‘électeurs, sur les près de 100 millions d’habitants du pays le plus peuplé du monde arabe, sont appelés à voter. Les résultats officiels seront proclamés le 2 avril.
Main de fer
M. Mostafa Moussa s‘était déclaré candidat à la dernière minute, en se défendant d‘être une “marionnette”. Avant lui, tous les autres candidats potentiels ont été écartés, emprisonnés ou découragés.
La semaine dernière, M. Sissi a affirmé que l’absence de concurrents sérieux n‘était pas de son fait. “J’aurais aimé que soient présents un, deux, trois ou 10 des meilleurs” candidats.
Lors de sa campagne, il a multiplié les apparitions théâtrales lors d‘événements largement diffusés à la télévision et relatés dans les journaux.
Les villes, en particulier Le Caire, sont inondées de portraits du chef de l’Etat, objet d’un culte de la personnalité. Nombre d’Egyptiens qui soutiennent M. Sissi estiment qu’il est l’artisan du retour au calme dans le pays après le chaos ayant suivi la révolution de 2011 et la chute de Hosni Moubarak.
Dès le début de son premier mandat en 2014, le président avait promis de ramener la stabilité, y compris économique.
Un ambitieux mais douloureux programme de réformes, avec dévaluation de la monnaie et diminution des subventions d’Etat, a été entrepris en 2016. Des mesures qui ont entraîné une flambée des prix.
Sur le plan sécuritaire, le pays a été frappé par de nombreux attentats jihadistes depuis 2013, après la destitution par l’armée, alors aux mains de M. Sissi, de l’islamiste Mohamed Morsi, premier président égyptien élu démocratiquement mais vite devenu impopulaire.
Une vaste opération militaire est en cours depuis février pour rétablir la sécurité dans le nord du Sinaï, où sévit l’EI.
Si la révolution de 2011 avait suscité des espoirs de liberté chez les Egyptiens, sept ans plus tard, M. Sissi dirige aujourd’hui le pays d’une main de fer, réprimant fermement les opposants islamistes, libéraux ou laïques.
AFP
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