Ethiopie
Une des principales figures de l’opposition éthiopienne, Merera Gudina, a estimé vendredi que la démission surprise la veille du Premier ministre était peu susceptible d’apporter les changements réclamés par une partie de la population.
“Ce que le peuple demande, c’est un changement fondamental”, a déclaré à l’AFP Merera Gudina, président du Congrès fédéraliste oromo (OFC).
“Donc le changement d’un individu relève plus des affaires internes de l’EPRDF que (de la destinée) du peuple éthiopien”, a-t-il estimé en référence au Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF) qui, avec ses alliés, détient tous les sièges du parlement.
Le Premier ministre Hailemariam Desalegn a présenté sa démission jeudi, emporté par une crise politique marquée par des manifestations antigouvernementales sans précédent depuis un quart de siècle en Ethiopie, le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique.
Dans l’attente de la nomination d’un successeur, dont le profil (tenant d’une ligne dure ou réformateur) donnera une première indication sur la signification de la démission de M. Hailemariam, M. Merera se veut toutefois “prudemment optimiste” et espère que la coalition au pouvoir ouvrira la possibilité “d’aller de l’avant”.
“L’EPRDF en tant qu’organisation a un réel problème et c’est elle qui a bloqué la démocratisation de l’Etat et de la société. Elle est en grande partie responsable de la crise actuelle”, a-t-il ajouté.
M. Hailemariam devrait rester à son poste jusqu‘à la nomination de son successeur, à une date encore inconnue.
Emprisonné début 2016, M. Merera a été libéré mi-janvier, devenant ainsi le premier opposant de haut rang relâché depuis que M. Hailemariam a promis le 3 janvier de libérer un certain nombre d’hommes politiques.
La libération de M. Merera figurait parmi les principales demandes des protestataires oromo, la principale ethnie du pays, qui avaient lancé en 2015 une vague de manifestations anti-gouvernementales sans précédent depuis 25 ans.
Ces manifestations, qui s‘étaient ensuite étendues à la région amhara (nord), avaient été violemment réprimées par les forces de l’ordre, faisant au moins 940 morts selon la Commission éthiopienne des droits de l’Homme, liée au gouvernement.
Le calme – même si d’occasionnelles manifestations ont encore lieu dans la région oromo -, n‘était revenu qu’avec l’instauration d’un état d’urgence entre octobre 2016 et août 2017.
AFP
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