Ethiopie
La violente répression, les 7 et 8 août derniers, subie par les manifestants Amhara qui avaient assiégé les rues pour réclamer plus de liberté et un meilleur partage des richesses n’a fait qu’attiser davantage la colère de ce peuple. Une rage qu’il ne peut exprimer qu’intérieurement, de peur de se faire de nouveau mater.
En région Amhara, le mot d’ordre, c’est motus et bouche cousue. Dans cette région du nord de l‘Éthiopie, la plaie des violentes répressions du week-end des 7 et 8 août derniers qui ont fait au moins 30 morts, est bien trop ouverte pour qu’on risque de susciter de nouveau le courroux des forces de l’ordre.
Les témoins ou rescapés de ces émeutes s’en souviennent avec force de détails. “Les + Agazi + étaient sur les toits. Ils ont commencé à tirer sur la foule, pendant que la police (au sol) lançait des gaz lacrymogènes”, raconte Getachew (prénom d’emprunt, NDLR) en évoquant les redoutées forces spéciales éthiopiennes reconnaissables à leurs bérets rouges et déployées en nombre à Bahir Dar.
Il est l’une des rares personnes à avoir accepté de témoigner. Presque tous craignent des réprésailles des forces de l’ordre. “Si je dis quelque chose dans un café, le Kebele (comité de quartier) le saura. On ne peut faire confiance ni à ses voisins, ni à ses amis”, confie un autre. La menace est d’autant plus persistante, selon eux, car des forces de l’ordre seraient passées de maison en maison pour avertir ceux qui se laisseraient séduire par l’idée de manifester. “Ils disaient : + n’allez pas manifester ou vous vous ferez tuer. Gardez vos enfants et votre vie +”, rajoute Getachew.
Pourtant, ce n’est pas l’envie de manifester, d’exprimer leurs griefs contre le gouvernement qui leur manque. A Amhara, l’on se sent délaissé. Ce peuple estime faire l’objet de discriminations en faveur des Tigréens – qui forme l’ossature du régime. Les Amhara pointent également une corruption grandissante et un manque de liberté, même si les résultats en matière de développement sont encourageant. “Il y a un développement tangible. On ne peut pas nier les routes, les immeubles, l’accès à l‘électricité, affirme un jeune homme sous le couvert de l’anonymat. Mais tous les décideurs sont Tigréens. Ils dominent l‘économie et la société. Toutes les industries sont dans le Tigré”.
Pour l’heure, la région Amhara préfère adopter comme ligne de défense le silence. Une ligne complètement parallèle à celle de l’Oromo, région du sud de l‘Éthiopie dans laquelle plusieurs dizaines de manifestants avaient également été tués les 7 et 8 août. Depuis novembre 2015, les Oromo manifestent régulièrement contre un projet d’appropriation de terres, abandonné depuis. Mais aussi, tout comme les Amhara, ils revendiquent plus de liberté et une meilleure répartition du pouvoir. Une révolte qui leur a coûté 400 morts, selon un rapport de Human Rights Watch publié en juin.
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