Afrique du Sud
Pas d‘école pour les élèves et étudiants sud-africains ce jeudi. Le pays commémore cette semaine, comme chaque année, depuis la chute de l’Apartheid, la fête nationale de la Jeunesse. La célébration devrait prendre un cachet particulier cette année alors que le pays célèbre le 40e anniversaire des émeutes qui ont donné au monde l’illustration de la brutalité du système politique de l’Apartheid. Pour cette date décisive sur le chemin de la lutte contre la ségrégation raciale en Afrique du Sud, africanews.com ouvre une série en quatre épisodes.
Les Sud-Africains ont défilé la semaine dernière dans les rues de Soweto pour réaffirmer l’héritage arc-en-ciel de leur Nation. Une image surréaliste il y a 40 ans !
Le bilan des affrontements entre les manifestants et la police à la fin de cette journée de mercredi, 16 juin 1976 suffit à lui seul pour rendre compte de la violence qu’a connu le township le plus célèbre d’Afrique du Sud pendant le second semestre de l’année 1976. Cinq jours après les faits, le gouvernement annonce officiellement 140 morts parmi lesquels deux Blancs. Les deux premiers manifestants à tomber sous les balles de la police sont Hastings Ndlovu et Hector Pieterson. La photo de ce dernier, transporté à bout de bras par un de ses camarades, fera le tour du monde. Il est âgé de 12 ans. Il n’en faut pas plus pour embraser le township. 40 ans après les faits, les versions divergent toujours sur l’auteur de la première provocation. Mais le consensus est fait sur un point : la réaction de la police face à des lycéens désarmés fut disproportionnée.
Rétrospectivement, tous les éléments semblent réunis pour conduire à un bain de sang. Ce matin-là, entre 10 000 à 20 000 écoliers et lycéens se rassemblent avec leurs banderoles pour protester contre un décret rendant obligatoire l’enseignement de l’afrikaans dans des écoles pour Noirs. Aux yeux des jeunes manifestants et de certaines organisations d’enseignants l’afrikaans est la langue de l’oppresseur blanc et donc ne saurait leur être imposée. Paralèllement, les responsables du Bureau de la sécurité d‘État, surpris par l’ampleur du rassemblement, envoient un escadron pour bloquer la manifestation par tous les moyens.
Forces anti-émeutes
Une fois sur le terrain, les policiers en minorité sont confrontés à une foule compacte. Ils demandent aux manifestants de se disperser. Une demande ignorée par les concernés qui restent déterminés à effectuer le trajet complet prévu pour leur manifestation. Devant cette marée humaine, les hommes du Bureau de la sécurité d‘État lâchent les chiens et du gaz lacrymogène sur ces jeunes gens. Dans la confusion, un policier sort son arme et abat Hector Pieterson. Les hommes du Bureau diront plus tard qu’ils avaient été la cible de jets de pierres.
La mort de l’adolescent démultiplie la violence. Les pierres et les bouteilles des manifestants répondent aux balles de la police durant toute la nuit. Le gouvernement dépêche des unités anti-terroristes à Soweto tandis que les jeunes s’en prennent aux bâtiments publics et aux édifices qui symbolisent l’Apartheid à leurs yeux. La violence se poursuivra pendant plusieurs semaines. Le bilan final oscillera entre 500 et 700 morts. Des morts de trop aux yeux de la communauté internationale qui symboliseront aussi le Rubicon que le régime de Pretoria n’aurait jamais dû franchir.
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