République démocratique du Congo
En République démocratique du Congo, la cloche de la rentrée scolaire sonne, mais à Goma, ville tentaculaire de plus de deux millions d'âmes, elle résonne comme un glas. La guerre rôde, et sous l'emprise des rebelles du M23, la ville étouffe, étranglant l'espoir de toute une génération.
Le marché central de Goma, autrefois vibrant, n'est plus qu'un pâle reflet de lui-même. Les étals regorgent de marchandises, mais les acheteurs se font rares. L'économie locale, asphyxiée par le contrôle de l'AFC/M23, peine à survivre. Une situation désespérée qui compromet gravement les préparatifs de la rentrée scolaire.
« La situation n’est pas bonne. Depuis l’avènement de la guerre, il n'y a pas de travail, on ne vend plus. » confie Victoria Semego, commerçante, la voix empreinte d'amertume. « Les années passées, à cette époque, j’aurais vendu des produits pour 100 000 francs, mais maintenant, j’ai vendu pour seulement 10 000 francs. Nous ne savons pas si les enfants vont étudier ou pas, vu qu’il n’y a même pas de mouvement dans la vente des cahiers.»
Amani Serge, un autre commerçant, confirme : « Les clients ne sont pas là. Il est fort possible que les enfants réutilisent leurs anciennes tenues, mais pour les cahiers, les moyens sont insuffisants. »
À Goma, comme à Bukavu, les familles se battent avec acharnement pour offrir à leurs enfants le minimum vital pour reprendre le chemin de l'école. Les prix des fournitures scolaires ont explosé, conséquence directe du conflit. Cahiers, uniformes, sacs à dos... Tout est devenu un luxe inaccessible, victime de l'inflation galopante et de la pénurie.
David Fiston, un père de famille, témoigne : « Nous faisons des efforts, mais par rapport à cette situation qui est entrée dans la ville, celle de la guerre, nous rencontrons des difficultés pour payer les objets classiques. Nous essayons toujours, mais à vrai dire, la situation est très mauvaise. »
Pour de nombreuses familles, l'école est devenue un rêve brisé. Les coûts exorbitants, conjugués à une économie exsangue, ont transformé l'éducation en un privilège inatteignable.
« J’ai 4 enfants, mais je manque de cahiers et de sacs à dos. » Se lamente Bibiche Nyota, mère de famille. « J’ai dépensé 50 dollars et il faut voir comment je les ai trouvés. C’est possible que les enfants étudient, mais la vie est trop difficile. »
Les violences et l'instabilité menacent l'éducation de milliers d'enfants, à Goma comme dans tout l'est de la RDC. L'avenir scolaire de toute une génération semble pris en otage par le conflit. Pourtant, malgré les obstacles insurmontables et l'incertitude permanente, des milliers d'enfants continuent de nourrir l'espoir d'un avenir meilleur. Un avenir que la guerre risque de leur voler, à moins d'une intervention urgente.
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