Soudan
Le Comité d'examen de la famine (FRC) de la Classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) a déclaré que des conditions de famine sévissent dans certaines régions du nord du Darfour, notamment au camp de Zamzam, situé au sud d'El Fasher. Cet examen a été réalisé par FEWS NET et le Groupe de travail technique de l'IPC du Soudan.
La violence persistante au Soudan, qui dure depuis plus de 15 mois, a gravement entravé l'accès humanitaire et a conduit certaines zones du nord du Darfour, y compris le camp de déplacés internes (IDP) de Zamzam, à atteindre des conditions de famine. Selon l'IPC, les zones en phase 5 de l'IPC (famine) sont caractérisées par un manque extrême de nourriture pour au moins 20 % de la population, entraînant des niveaux critiques de malnutrition aiguë et des décès.
Le camp de Zamzam, situé à environ 12 kilomètres au sud d'El Fasher, est l'un des plus grands camps de déplacés internes du Soudan, avec une population estimée à plus de 500 000 personnes. La dévastation causée par la violence à El Fasher est profonde. Les affrontements intenses ont forcé de nombreux résidents à chercher refuge dans les camps de déplacés, où les services de base sont rares ou inexistants. Depuis mi-avril, environ 320 000 personnes ont été déplacées à El Fasher, dont 150 000 à 200 000 se sont réfugiées au camp de Zamzam depuis mi-mai. En quelques semaines, la population du camp a doublé, atteignant plus d'un demi-million.
Les restrictions à l'accès humanitaire, souvent imposées intentionnellement par les parties au conflit, ont gravement limité la capacité des organisations d'aide à intensifier leurs efforts. Ces obstructions ont exacerbé la crise alimentaire, poussant certains ménages dans des conditions de famine. Les besoins essentiels en santé, eau, nourriture, nutrition, abri et protection restent largement insatisfaits.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) intensifie ses opérations d'urgence pour sauver des vies dans ce contexte de guerre. Il augmente l'assistance et cherche des moyens innovants pour fournir une aide immédiate à des millions de personnes dans le pays, notamment dans les zones difficiles d'accès. Jusqu'à présent en 2024, le PAM a soutenu plus de 4 millions de personnes, dont 1,7 million en juin seulement.
Malgré ces efforts, la situation reste critique. Les combats en cours à El Fasher, à Khartoum et dans l'État de Sennar compliquent la tâche des humanitaires. La saison des pluies aggrave les difficultés, rendant les routes impraticables et compliquant les opérations du PAM. Le programme soutient des cuisines communautaires à Khartoum et développe une aide en espèces pour les résidents de la capitale.
Les combats autour de Sinja ont également provoqué des déplacements vers les États du Nil Bleu et de Gedaref, et ont coupé certaines routes d'aide essentielles. Le PAM a mobilisé rapidement une aide pour les personnes déplacées de Sinja lors de ses distributions dans le Nil Bleu.
Les besoins humanitaires sont énormes, mais les pénuries de financement limitent l'aide aux personnes les plus gravement touchées. Le PAM appelle à une augmentation urgente des ressources, notamment pour plus que doubler le nombre de personnes recevant des transferts monétaires d'urgence d'ici octobre. L'aide alimentaire en nature est retardée par des conditions de transport difficiles.
Appel à la Communauté Internationale
Le PAM appelle la communauté internationale à intensifier ses efforts diplomatiques pour obtenir un cessez-le-feu immédiat, permettant une ouverture de l'accès humanitaire et la prévention d'une famine généralisée. Une paix durable est essentielle pour résoudre les niveaux croissants de faim, de déplacement et de destruction au Soudan. La guerre a détruit des infrastructures critiques, et même si le conflit cessait aujourd'hui, la reconstruction du Soudan prendra des décennies.
Défis à Surmonter
La Commission soudanaise d'aide humanitaire (HAC) doit rationaliser les procédures pour accélérer l'acheminement de l'aide. La sécurité et l'efficacité du transport de l'aide doivent être améliorées, en mettant fin aux frais et taxes ad hoc sur les convois humanitaires, en assurant une protection adéquate, et en prévenant le pillage des denrées alimentaires par des acteurs armés. La seule route transfrontalière actuellement autorisée vers le Darfour est celle de Tine (Tchad) vers le nord du Darfour, mais elle est largement impraticable en raison des inondations saisonnières. Le gouvernement soudanais doit rouvrir la frontière d'Adre pour permettre une aide humanitaire efficace. Les combats ont également perturbé les corridors d'approvisionnement essentiels, impactant les distributions alimentaires au Darfour.
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