Hongrie
A 20 ans, le Botswanais Letsile Tebogo a offert au continent africain sa première médaille mondiale de l'histoire sur la course reine de l'athlétisme, le 100 m masculin, dimanche à Budapest.
Dans la touffeur hongroise, au bout de la ligne droite, Tebogo, record personnel en 9 sec 88, n'a été devancé que par Noah Lyles, visage de l'athlétisme mondial, de cinq centièmes.
L'accomplissement est assez marquant pour qu'à son annonce en conférence de presse, il soit salué par des applaudissements venant notamment de Lyles, et du troisième sprinter monté sur le podium, le Britannique Zharnel Hughes.
Avant lui, ils sont une dizaine, en comptant le Kényan Ferdinand Omanyala engagé en finale sur la piste hongroise, à s'y être cassé les dents. Le dernier en date avant l'édition 2023, le Sud-Africain Akani Simbine, à trois reprises en 2017, 2019 et 2022.
Tebogo s'est mué en promesse de l'athlétisme mondial, au-delà du continent africain, en devenant double champion du monde juniors du 100 m et double vice-champion du monde juniors du 200 m en 2021 et en 2022.
C'est l'année dernière, quand il avait encore 18 ans, qu'il est devenu seulement le deuxième coureur de l'histoire à casser la barrière des dix secondes sur 100 m avant l'âge de vingt ans (avec Bromell). Quelques mois plus tard, il passait sous les 20 secondes sur 200 m.
Pour autant, sa médaille d'argent mondiale dépasse ses propres espérances. "C'est vraiment une grande fierté de gagner cette médaille d'argent. Cette médaille, c'est du bonus pour moi. Ce n'était pas le plan, l'objectif, c'était seulement la finale", avoue Tebogo.
- "Atteindre le niveau" de Bolt -
A titre de comparaison, l'année de ses 21 ans, Usain Bolt - son "idole" même s'il ne se "souvient pas vraiment de l'avoir regardé", parce qu'il n'avait "jamais pensé pouvoir vivre de l'athlétisme" quand il était enfant - ne savait pas encore ce que c'était de courir le 100 m en moins de 10 secondes.
Avant de venir à l'athlétisme, auquel il ne s'est mis sérieusement qu'autour de "2018-2019, quand j'ai réalisé que je pouvais devenir professionnel", Tebogo, élevé par une mère célibataire avec son frère cadet, jouait au football, "ailier en raison de ma vitesse". Mais lui qui a écrit samedi une page de l'histoire sportive de son continent a finalement préféré la pratique d'un sport individuel.
"Je pense qu'après cette médaille, le continent et le pays vont réfléchir à organiser davantage de courses, et des grosses courses que les gens veulent voir", espère Tebogo, qui partage son entraînement entre Gaborone, la capitale du Botswana, l'Afrique du Sud et l'Europe au fil de l'année.
Il rêve aussi, un jour, de Jeux olympiques sur le sol africain, "pour que les gens viennent voir combien l'Afrique est belle".
"C'est l'heure pour l'Afrique de prendre les commandes du sprint sur la scène internationale", osait-il début 2022 auprès du site spécialisé Runblogrun. Lui qui va "essayer d'atteindre le niveau" de Bolt a fait le premier pas.
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