France
Emmanuel Macron a accusé vendredi la Russie d'être "une puissance de déstabilisation de l'Afrique", lors d'un entretien sur franceinfo/RFI/France 24 en marge du sommet de Paris, le Kremlin assurant de son côté y développer des "relations constructives".
"C'est une puissance de déstabilisation de l'Afrique à travers des milices privées qui viennent faire de la prédation, des exactions sur les populations civiles", a estimé le président français, rappelant que "cela a été documenté par les Nations unies en République centrafricaine à travers la milice Wagner".
Selon lui, "la Russie s'est mise de son propre chef dans une situation qui est de ne plus respecter le droit international, de redevenir au fond l'une des seules puissances coloniales du XXIᵉ siècle, en menant une guerre d'empire auprès de son voisin, l'Ukraine".
Le Kremlin a rapidement balayé ces accusations, assurant développer en Afrique "des relations constructives" avec les pays du continent.
"La Russie développe (avec les pays africains) des relations amicales, constructives, basées sur le respect mutuel", a affirmé à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Celles-ci "ne sont pas dirigées et ne peuvent pas l'être contre des pays tiers", a-t-il également souligné.
Depuis le début de son invasion de l'Ukraine, la Russie a cherché à renforcer ses liens économiques et diplomatiques avec l'Afrique, faisant concurrence dans certains pays à la France, une ex-puissance coloniale sur ce continent.
La Russie va notamment organiser fin juillet un deuxième sommet Russie-Afrique, à Saint-Pétersbourg (nord-ouest), un moyen d'afficher son entente avec ses partenaires africains malgré le conflit en Ukraine.
Une délégation de chefs d'Etat africains s'est également rendue le week-end dernier en Russie, prônant la fin de la guerre devant Vladimir Poutine et formulant des propositions jugées toutefois "très difficiles à mettre en œuvre" par le Kremlin.
En Afrique, la Russie s'efforce d'attirer dans son camp les dirigeants africains en affirmant se dresser en rempart contre l'impérialisme et en accusant l'Occident de bloquer avec ses sanctions les exportations de céréales et des engrais russes essentiels à de nombreux pays.
Sur franceinfo/RFI/France 24, Emmanuel Macron n'a pas écarté vendredi la possibilité d'échanger avec Vladimir Poutine si l'occasion se présentait et si les conditions étaient réunies.
Si le président russe l'appelle demain ? "Bien sûr, je décroche", a assuré M. Macron. "S'il m'appelle pour proposer quelque chose, je prendrai, parce que la France a toujours été une puissance facilitatrice et de médiation". Mais, a-t-il nuancé, "la reprise du dialogue n'est possible que s'il y a un respect du droit international, qui est le seul qui nous permet de vivre en paix".
Il a par ailleurs répété qu'il n'avait lui-même "pas de raison d'appeler aujourd'hui" Vladimir Poutine, en pleine contre-offensive ukrainienne. "Le temps viendra, je l'espère, de négociations aux conditions de l'Ukraine".
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