Kenya
Des nuées de travailleurs à bec rouge planent régulièrement sur la région de Kisumu dans l'ouest du Kenya. Ces volatiles, aussi mignons soient-ils, dévastent tout, réduisant des récoltes entières à néant. Les agriculteurs se sentent démunis.
"Le Kano occidental produit à lui seul 500 000 kilos de riz par an, mais les trois-quarts sont consommés par les oiseaux. Nos agriculteurs empruntent de l'argent à la banque et après avoir emprunté, ils ont l'intention de rembourser, mais avec les intérêts. Or, cette situation est un obstacle en termes de remboursement et maintenant, nous croulons sous les prêts", explique Jared Odoyo, président de West Kano Irrigation Scheme.
Pour pallier le problème, les autorités ont donc autorisé la pulvérisation de Fenthion, un insecticide qui tue les oiseaux nuisibles. Cette solution, pour plusieurs raisons, ne fait pas l’unanimité.
"Premièrement, il est regrettable que cette espèce soit considérée comme un parasite par notre législation. Ensuite, empoisonner ces oiseaux représente un plus grand danger pour l'écosystème, car cela risque de tuer d'autres espèces qui ne sont pas visées par ces pulvérisations. Cela augmente le risque d’une contamination de l'environnement ce qui représente un danger pour nous et pour l'ensemble de l'écosystème", détaille Paul Gacheru, écologiste de la faune sauvage pour Nature Kenya, une filiale locale de Birdlife International.
Pour Paul Gacheru, le gouvernement a simplement opté pour une solution rapide. Il aimerait qu’une réflexion plus approfondie soit initiée afin que chacun y trouve son compte, des oiseaux, aux agriculteurs, en passant par l’écosystème dans son ensemble.
"Les mesures de contrôle auxquelles nous demandons au gouvernement de réfléchir sont d’abord de penser à une manière de minimiser le risque de tuer d'autres espèces, mais aussi de promouvoir d'autres pratiques agricoles qui limiteraient la prolifération des oiseaux. Je pense que l'on peut améliorer les systèmes agricoles et aider à contrôler ce volatile, car la pulvérisation n'est pas le bon moyen pour le faire", ajoute Paul Gacheru.
Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, un seul travailleur à bec rouge peut manger jusqu'à 10 grammes de céréales en une journée.
Aller à la video
La Sierra Leone veut réduire sa dépendance aux importations de riz
01:44
Le Libéria veut améliorer ses statistiques agricoles
01:26
Zimbabwe : une agriculture alternative face à la sécheresse
01:37
Prix Earthshot : le prince William défend l'action climatique de l'Afrique
01:59
Botswana : les agriculteurs attendent des réformes pour booster le secteur
01:40
Kenya : l'IA analyse le chant des oiseaux pour surveiller les forêts