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COP27 : un rendez-vous diplomatique incontournable pour l'Egypte

COP27 : un rendez-vous diplomatique incontournable pour l'Egypte
Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Shokry écoute son homologue russe lors d'une conférence de presse Le Caire, le 24 juillet 2022.   -  
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KHALED DESOUKI/AFP or licensors

Egypte

À un mois de la COP27, l'Egypte multiplie les appels du pied aux dirigeants du monde pour faire de ce sommet climatique un rendez-vous diplomatique incontournable tout en tentant d'éviter les critiques sur ses violations des droits humains.

Jusqu'ici aucun chef d'Etat n'a officiellement confirmé participer à la conférence qui s'ouvrira le 6 novembre à Charm el-Cheikh sur la mer Rouge, mais une absence a déjà été remarquée: le roi Charles III, venu en Egypte en novembre 2021 pour discuter climat, ne sera pas là.

Le président de la COP27, le chef de la diplomatie égyptienne Sameh Choukri, a été "déçu", selon un responsable égyptien cité par le quotidien britannique The Guardian. "Nous espérons que cela ne signale pas que la Grande-Bretagne se met en retrait du mouvement mondial sur le changement climatique après avoir présidé la COP26", a-t-il ajouté.

"Trop faible, trop tard"

La communauté internationale dit vouloir contenir en 2100 le réchauffement de la planète à 1,5°C de plus qu'à l'ère pré-industrielle --un objectif pour l'heure hors d'atteinte, puisque nous sommes déjà à près de 1,2°C.

Pour ce faire, les pays pauvres réclament des aides pour compenser les "pertes et dommages" dus au changement climatique auquel ils sont les plus exposés.

Mahmoud Mohieldin, haut responsable onusien pour l'action climatique, a récemment salué "la promesse d'un certain nombre de pays de remplir leur part de l'engagement de Copenhague de fournir 100 milliards de dollars par an" même si ce montant "ne représente que 3% des besoins".

Pour le patron de l'ONU Antonio Guterres, "les engagements collectifs des gouvernements du G20 sont trop faibles et arrivent trop tard".

En Egypte, concédait récemment à l'AFP la ministre de l'Environnement Yasmina Fouad, les préoccupations environnementales ont longtemps été considérées comme "un luxe" que le pays de 104 millions d'habitants ne pouvait se permettre. Aujourd'hui, il s'est fixé comme objectif d'atteindre 42% de son électricité provenant d'énergies renouvelables d'ici 2035 mais pour les défenseurs de l'environnement, cela ne suffit pas.

Climate action tracker dénonce des politiques "fortement insuffisantes", alors que Human Rights Watch (HRW) affirme que l'Egypte est "à l'origine de plus d'un tiers de la consommation de méthane en Afrique". Or, selon l'ONU, "le méthane est à l'origine d'environ 30% du réchauffement de la planète".

Pire encore, dénonce Greenpeace, le choix de Coca-Cola comme sponsor officiel de la COP27 est "effarant" car l'entreprise est "le premier responsable de la pollution au plastique du monde".

"Où seront les victimes? "

Surtout, régulièrement sur les réseaux sociaux, des habitants dénoncent la destruction de parcs, véritables poumons notamment dans la capitale tentaculaire et surpeuplée.

Ainsi ces dernières années, le parc Happyland dans le delta du Nil a disparu, celui de Merryland au Caire ne cesse de dépérir, tandis que "le jardin international" de Nasr City a été transformé en parking.

Dans un pays où manifester est interdit --à Charm el-Cheikh, un bâtiment sera construit à cet effet assure Le Caire-- et où des centaines de sites dénonçant violations des droits humains et de l'environnement sont bloqués, les militants s'inquiètent.

"On nous a déjà dit que seules les manifestations ayant obtenu une autorisation seront possibles", dénonce Patience Nabukalu, de la branche ougandaise du mouvement Fridays for future.

"Où seront les victimes du changement climatique dans cette COP ?", dit-elle encore alors que les prix des hôtels de la très touristique Charm el-Cheikh ont déjà découragé de nombreux militants, notamment africains.

Pour HRW, en permettant bon an mal an une forme de contestation, l'Egypte "pourrait tenter d'exploiter la COP27 pour promouvoir une image de tolérance alors que l'oppression politique sous le président Abdel Fattah al-Sissi est à l'origine de l'une des crises des droits humains les plus graves du pays".

De nombreux militants entendent d'ailleurs évoquer à la COP le sort d'Alaa Abdel Fattah, Egypto-britannique en grève de la faim depuis six mois pour dénoncer son emprisonnement. Mais HRW prévient: "l'hypothèse d'une surveillance physique et numérique des participants à la COP27 est réaliste".

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