Mali
Un commandant de renom combattant les djihadistes au Mali a appelé les civils d'une zone du nord récemment attaquée par des hommes de l'organisation Etat islamique à fuir et à trouver refuge dans les villes, dans un message audio circulant sur WhatsApp.
Le général touareg El Hadj Ag Gamou, figure majeure du conflit malien engagée dans les combats contre l'expansion du groupe Etat islamique au Grand Sahara (EIGS, affilié à l'EI), a déclaré qu'"il n'y a pas de forces armées ni aucune entité pour garantir la sécurité des populations dans ces zones", dans un message en langue tamashek authentifié par l'AFP auprès d'un proche.
Ce message constitue un aveu très inhabituel de la gravité de la situation dans la région de Gao (nord) venant d'aussi haut dans le camp combattant les djihadistes les armes à la main. Le prestige du général Gamou, sa position singulière entre Touaregs et Etat et la rareté de ses prises de parole ont contribué à rendre ce message viral.
El Hadj Ag Gamou est chef d'un groupe armé pro-gouvernemental, le Groupe d'autodéfense touareg Imghmad et alliés (GATIA), tout en restant officiellement général de l'armée nationale.
L'ONU a exprimé à différentes reprises sa préoccupation devant la situation autour de Gao et, plus à l'est, de Ménaka depuis plusieurs mois. La junte au pouvoir à Bamako est restée relativement silencieuse. Elle se targue globalement d'une "inversion de la tendance" aux dépens des djihadistes.
L'audio, dont la date n'a pu être précisée, se réfère au village de Djebock et aux localités voisines, entre Gao et Talataye."Les ennemis prendront sûrement le contrôle de ces régions car aucune sécurité n'est là pour les en empêcher", dit le général Gamou. Il "invite fortement" les habitants à aller "s'installer dans de grandes villes pour leur sécurité et celle de leurs troupeaux en attendant le retour de la stabilité".
Les autorités n'avaient pas réagi à ce message mercredi. Des dizaines de civils ont été tués la semaine passée après l'attaque de Talataye par l'EIGS, la première d'une telle envergure contre la localité. Les djihadistes ont pris la ville avant de plier bagages quelques jours plus tard.
L'EIGS multiplie depuis mars les offensives dans l'immense région de Gao et Ménaka. L'Etat y a une très faible présence et les populations, principalement des nomades vivant dans des campements éparpillés dans le désert, sont prises entre deux feux, victimes de massacres et de représailles parce que soupçonnées de pactiser avec l'ennemi, ou privées de moyens de subsistance.
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