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Angola : Adalberto Costa Junior ou le charisme de l'outsider

Angola : Adalberto Costa Junior ou le charisme de l'outsider
Adalberto Costa Junior, président de l'UNITA   -  
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JULIO PACHECO NTELA/AFP or licensors

Angola

Chemise cravate, face caméra, ton posé et pédagogue : Adalberto Costa Junior s'est invité depuis le début de la campagne dans le quotidien des Angolais, qui doivent choisir leurs députés le 24 août et indirectement leur président.

Sur les réseaux sociaux, le principal opposant du président sortant João Lourenço, front dégarni et larges sourcils, est devenu une figure appréciée du pays d'Afrique australe, pauvre en dépit d'immenses richesses en pétrole.

On lui attribue le mérite d'avoir revigoré l'opposition, relevant le défi le plus sérieux dans le pays lusophone depuis des décennies. "Il y a clairement un buzz autour d'Adalberto Costa", avance Alex Vines, spécialiste de l'Angola au think-tank Chatham House.

Depuis un peu moins d'un an, cet homme de 60 ans à la silhouette élancée, beau parleur, a réussi à rallier plusieurs partis d'opposition, notamment la coalition CASA-CE d'Abel Chivukuvuku qui avait remporté près de 10% des voix en 2017, pour renforcer ses chances de détrôner le président sortant."Le temps est venu de construire un pays meilleur, sans promesses irréalistes et sans projets mégalomanes", avait-il lancé en décembre, lors de sa réélection à la tête de son parti, l'UNITA.

Les observateurs lui donnent peu de chances de victoire face à un parti présidentiel encore dominant sur la scène politique nationale et réticent à laisser le pouvoir, détenu depuis l'indépendance en 1975. Mais Adalberto Costa Junior est nettement "le candidat le plus populaire", estime aussi Marisa Lourenço, une analyste politique indépendante basée en Afrique du Sud.

Ecole, hôpital, santé… dans chacune des courtes pastilles qu'il publie régulièrement sur les réseaux sociaux, "ACJ", comme il est surnommé, attaque sans relâche le bilan du MPLA au pouvoir, dont il dénonce la corruption.

A l'inverse du président Lourenço, 68 ans, qui s'exprime rarement, ACJ se démarque par son charisme et son goût de l'échange. "Lourenço paraît assez terne. Il incarne ces vieilles institutions, soucieuses de leurs intérêts et déconnectées des réalités du terrain", explique Marisa Lourenço.

Les mouvements de libération devenus partis politiques, comme l'UNITA ou le MPLA, "ont tendance à fermer leurs rangs et à cultiver le secret. Adalberto est à l'opposé, c'est un homme d'ouverture. C'est assez nouveau sur la scène politique angolaise", note l'analyste.

Né en 1962 à Chinjenje, à 700 km au sud de la capitale, il tranche avec le président sortant et les caciques du parti au pouvoir : il n'a pas combattu pendant l'interminable guerre civile opposant MPLA et UNITA (1975-2002).

Encarté à l'UNITA dès l'indépendance, à l'adolescence, "ACJ" part au Portugal en 1980, où il représente le parti auprès de la diaspora et du gouvernement de l'ex-pays colonisateur. Il obtient un diplôme d'ingénieur électrique puis la nationalité portugaise, à laquelle il devra renoncer en 2019 après des critiques nourries de ses adversaires politiques.

Ce n'est qu'en 2003, au lendemain de la guerre civile, que Costa Junior revient définitivement en Angola. Le fils de bonne famille devient porte-parole de l'UNITA et se fait rapidement remarquer par ses qualités d'orateur. Face à la toute-puissance du MPLA, parti vainqueur de la guerre qui n'a depuis jamais lâché le pouvoir, l'UNITA cherche un nouveau souffle. Il se choisit Adalberto Costa Junior comme président en 2019.

Ses discours trouvent un certain écho auprès de la jeunesse urbaine et connectée, lassée par la corruption omnivore. Son programme politique libéral et pro-entreprises parle peu aux Angolais les plus pauvres. Mais "l'attrait de l'opposition repose largement sur un désir de changement", plus qu'à une adhésion à un programme, souligne Alex Vines.

"Les loyautés post-guerre civile continuent à peser et les électeurs votant d'abord pour le parti, le MPLA reste largement favori", estime en revanche Marisa Lourenço. Surtout dans les campagnes. Et le spectre d'éventuelles irrégularités lors du vote diminue encore les chances d'une victoire nette pour "ACJ", note l'analyste.

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