Ghana
Les dirigeants d'Afrique de l'Ouest se sont réunis dimanche à Accra, la capitale du Ghana, pour examiner les sanctions qu'ils ont imposées au Mali, à la Guinée et au Burkina Faso, dirigés par des militaires.
Les chefs d'État de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) se sont réunis pour évaluer les efforts déployés pour obtenir des calendriers et d'autres garanties pour le rétablissement d'un régime civil au Mali, en Guinée et au Burkina Faso.
Le Mali a connu des coups d'État en août 2020 et en mai 2021, suivi de la Guinée en septembre 2021 et du Burkina Faso en janvier dernier.
Craignant une contagion dans une région connue pour ses prises de pouvoir militaires, la CEDEAO a imposé des sanctions commerciales et économiques sévères à l'encontre du Mali, mais des sanctions moindres à l'encontre de la Guinée et du Burkina.
Le sommet sera dominé par l'examen des efforts déployés depuis un mois pour pousser les juntes à fixer un calendrier de retour rapide dans les casernes.
En janvier, la CEDEAO a imposé un embargo commercial et financier au Mali après que son gouvernement militaire a dévoilé un plan pour gouverner pendant cinq ans. Lors d'un sommet tenu le 4 juin, aucune décision n'a été prise pour les trois pays.
À l'ouverture du sommet de dimanche, le président ghanéen Nana Akufo-Addo a déclaré que les 15 membres du bloc s'engageaient à soutenir le retour à l'ordre démocratique des trois pays et prendraient les décisions appropriées après avoir entendu les rapports sur leurs progrès.
Les sanctions ont durement touché le Mali, pays pauvre et enclavé, dont l'économie est déjà mise à rude épreuve par une insurrection djihadiste qui dure depuis dix ans.
Après des mois d'âpres discussions, les autorités maliennes ont approuvé mercredi un plan prévoyant l'organisation d'élections présidentielles en février 2024. Ce scrutin sera précédé d'un référendum sur une constitution révisée en mars 2023 et d'élections législatives fin 2023.
Le médiateur de la CEDEAO au Mali, l'ancien dirigeant nigérian Goodluck Jonathan, s'est rendu dans le pays la semaine dernière. Un membre de son entourage a déclaré à l'AFP que le Mali avait fait "d'énormes progrès".
Le plus haut diplomate malien, Abdoulaye Diop, a déclaré vendredi que les récents développements politiques faisaient avancer le pays vers une levée des sanctions.
Mais une nouvelle loi électorale, adoptée le 17 juin, pourrait constituer une pierre d'achoppement dans les pourparlers, car elle autorise une figure militaire à se présenter aux élections présidentielles.
La transition en Guinée est "impensable"
Le Burkina Faso et la Guinée n'ont pour l'instant été que suspendus des instances du bloc des 15, mais pourraient faire l'objet de sanctions plus sévères.
La junte burkinabè a proposé un référendum constitutionnel en décembre 2024 et des élections législatives et présidentielle en février 2025.
En visite à Ouagadougou pour la deuxième fois en un mois samedi, le médiateur de la CEDEAO Mahamadou Issoufou a salué le chef de la junte, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, et son gouvernement pour leur "o_uverture au dialogue_".
Le calendrier pour permettre le retour à un régime civil et la situation du leader déchu Roch Marc Christian Kabore ont également été discutés, a déclaré l'ancien président du Niger. Les partis politiques alliés de Kabore ont dénoncé vendredi les plans de la junte, affirmant qu'ils n'avaient pas été consultés à l'avance.
La situation semble plus complexe en Guinée, dont la junte a refusé un médiateur de la CEDEAO et annoncé une transition de 36 mois, qualifiée d'"impensable" par le président de l'Union africaine et président sénégalais Macky Sall.
La CEDEAO a évité de se prononcer sur des sanctions lors de sa réunion du 4 juin et s'est donné un mois supplémentaire pour négocier.
La Guinée a mené cette semaine une offensive diplomatique pour apaiser les inquiétudes des dirigeants régionaux. Samedi, le premier ministre guinéen issu du coup d'État, Mohamed Beavogui, a rencontré le représentant spécial des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel, Mahamat Saleh Annadif.
Le gouvernement a déclaré qu'il voulait rassurer ses "frères" de la CEDEAO quant à son engagement à entreprendre une transition démocratique pacifique et inclusive.
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