Ethiopie
Les enquêteurs de l'ONU sur les violations des droits de l'homme en Éthiopie ont été autorisés à se rendre à Addis Abeba pour y négocier un accès plus large au pays, mais s'inquiétaient jeudi de la poursuite des "atrocités".
"C'est notre objectif : obtenir un accès sans entrave pour notre équipe", a déclaré à l'AFP Steven Ratner, membre de cette nouvelle commission internationale d'experts, qui s'est montré "prudemment optimiste" sur une visite à Addis Abeba pendant la seconde quinzaine de juillet.
La commission a été mise en place le 17 décembre par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU pour une période d'un an, renouvelable si nécessaire, avec pour objectif d'enquêter sur les violations commises par toutes les parties depuis que la guerre a éclaté en novembre 2020.
Présentant un bref compte-rendu de la mise en place de la mission, sa présidente, l'avocate kényane Kaari Betty Murungi, a insisté sur le manque de moyens qui les limite dans leur travail, mais a d'ores et déjà indiqué que la commission "est alarmée" par le fait que les violations des droits de l'homme, du droit international humanitaire et des droits des réfugiés "semblent être perpétrées en toute impunité, même aujourd'hui, par diverses parties au conflit en Éthiopie".
"La commission insiste sur la responsabilité du gouvernement éthiopien de mettre fin à ces violations sur son territoire et de traduire les responsables en justice", a-t-elle indiqué à Genève."Nous sommes extrêmement alarmés par les atrocités qui continuent d'être commises à l'encontre des civils, notamment les événements signalés dans la région d'Oromia. Toute violence à l'encontre des civils, alimentée par des discours de haine et d'incitation à la violence ethnique et sexiste, est un indicateur d'alerte précoce et un prélude à de nouveaux crimes atroces", a-t-elle averti.
Le conflit au Tigré (nord de l'Éthiopie), qui s'est ensuite propagé aux régions voisines de l'Amhara et de l'Afar, a été marqué par de nombreuses exactions dans chaque camp. Dans une enquête conjointe avec la Commission éthiopienne des droits de l'homme, l'ONU a déjà conclu fin 2021 à de possibles crimes contre l'humanité commis par tous les acteurs.
Les combats ont cessé depuis mars, à la faveur d'une trêve "humanitaire" décidée par Addis Abeba et acceptée par le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF). Et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a pour la première fois évoqué mi-juin de possibles futures négociations de paix.
A Genève, la commission de l'ONU a pu rencontrer en mai le ministre éthiopien de la Justice et des hauts fonctionnaires du gouvernement à Genève, et obtenu le droit de se rendre à Addis Abeba. "Nous nous félicitons de la coopération du gouvernement", a salué Kaari Betty Murungi, en espérant que ces consultations permettraient aux enquêteurs d'accéder aux lieux où se sont produits les violations des droits de l'homme, ainsi qu'aux survivants, aux victimes et aux témoins.
Bien qu'ayant rejeté la création de la commission, la jugeant notamment "contre-productive", l'Éthiopie "a entamé des discussions" avec les experts "conformément à sa politique de coopération avec les mécanismes internationaux de défense des droits de l'homme", a expliqué jeudi à Genève l'ambassadeur éthiopien auprès de l'ONU Zenebe Kebede Korcho.
Et d’assurer : _"Si les sérieuses réserves de l'Éthiopie à l'égard de la résolution sont prises en compte, il est possible de trouver des moyens pratiques de parvenir à une approche commune._Le pays est en train de tourner une page et le gouvernement veut mettre fin au conflit de manière pacifique".
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