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Burkina Faso : le lieutenant-colonel Damiba, stratège et "écrivain"

Un homme tient un portrait du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba qui a pris les rênes du Burkina Faso, à Ouagadougou, le mardi 25 janvier 2022.   -  
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Sophie Garcia/Copyright 2020 The Associated Press. All rights reserved.

Burkina Faso

Le nouvel homme fort du Burkina Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, président de la junte qui a pris le pouvoir lundi à Ouagadougou, est un soldat de terrain spécialiste de la lutte contre les djihadistes, qu'il a combattus dans leurs bastions du nord et de l'est.

Agé de 41 ans, il est aussi l'auteur d'un livre intitulé "Armées ouest-africaines et terrorisme: réponses incertaines ?", dans lequel il se montre critique envers les politiques anti-djihadistes menées dans une région frappée de plein fouet par les groupes armés liés à Al-Qaïda et à l'Etat islamique.

Lundi, il faisait partie du groupe de militaires en uniforme qui ont annoncé à la télévision nationale avoir pris le pouvoir et dissout les institutions du pays, mais il n'a pas pris la parole, laissant ce soin au capitaine Sidsore Kader Ouédraogo.

Le communiqué lu par ce dernier était cependant signé de sa main, en tant que président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), la junte qui dirige désormais le Burkina.

Il y dénonce en particulier "la dégradation continue de la situation sécuritaire, qui menace les fondements mêmes de notre nation" et "l'incapacité manifeste du pouvoir" du président Roch Marc Christian Kaboré "à unir les Burkinabé pour faire face efficacement à la situation".

"C'est l'exemple d'un bon militaire, un bon commandant rigoureux qui est monté aux fronts avec ses hommes", selon une source militaire qui salue son "dévouement".

Il a été formé à l'Académie militaire Georges Namoano de Po, dans le sud du Burkina Faso, dont la majorité a servi au sein du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) l'ex-garde rapprochée de Blaise Compaoré, président renversé en 2014 après une vague de manifestations.

- "Des choses dans la tête" -

Le lieutenant-colonel d'infanterie Damiba a lui-même été commandant de compagnie au RSP de 2003 à 2011, ce qui ne l'avait empêché de s'opposer à la tentative de coup d'Etat de 2015 contre les autorités de transition d'alors, fomentée par le général Gilbert Diendéré, proche de Blaise Compaoré.

C'est en tant que chef de corps de régiment qu'il a eu le plus combattre les groupes armés djihadistes du pays de 2019 à 2021.

Après le massacre en novembre 2021 à Inata (nord) de 53 gendarmes laissés à eux-même, qui avait provoqué un électrochoc au sein des forces armées, il a été nommé commandant à Ouagadougou de la 3e zone militaire couvrant l'est du pays, à la faveur d'un vaste changement des chefs militaires opéré par le président Kaboré.

Le nouvel homme fort du Burkina est également diplômé de l'école militaire de Paris.

"Il fait partie des élites mais a obtenu des résultats sur le terrain, il a dirigé et commandé un certain nombre d'unités", estime l'analyste politique burkinabè Oumarou Paul Koalaga qui ajoute: "Ce sont des officiers avec des choses dans la tête".

Selon les Editions des 3 colonnes qui ont publié son livre en juin 2021, le lieutenant-colonel Damiba est aussi "titulaire d'un master 2 en sciences criminelles du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) de Paris", ainsi que "d'une certification d'expert de la défense en management, commandement et stratégie".

Les trois colonnes indiquent dans leur présentation de son ouvrage, qu'il y "livre son analyse aussi bien sur les particularités du terrorisme ouest-africain, que sur les réponses apportées par les armées de la région avant de porter un jugement critique sur les éléments rédhibitoires des approches actuelles".

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