Cameroun
Un gendarme a tué jeudi une écolière de 5 ans avant d'être lynché à mort dans la partie anglophone du Cameroun en proie à un sanglant conflit opposant les forces de l'ordre et les séparatistes
L'agresseur présumé qui avait tiré sur un véhicule dans lequel se trouvait la fillette a été frappé mortellement par la foule. La situation reste tendue à Buéa où des centaines de personnes ont manifesté leur colère en portant la dépouille de l'enfant.
"Nous appelons la population au calme. C'est un incident triste et malheureux", a déclaré le gouverneur du Sud-Ouest Bernard Okalia Bilaï à la CRTV, la télévision d'Etat.
Interpellé à un barrage de la gendarmerie, le conducteur du véhicule a "refusé d'obtempérer et a poursuivi sur sa lancée", avant d'être rattrapé par un binôme de gendarmes, selon un communiqué du ministère de la Défense publié dans la soirée.
"Après les procédures d'identification d'usage, le ton est inexplicablement monté entre les deux gendarmes et le conducteur, fermement opposé à la fouille de son véhicule au point d'engager une nouvelle manœuvre de fuite", a assuré le colonel Cyrille Serge Atonfack Guemo, porte-parole de l'armée.
"Dans une réaction inappropriée, inadaptée à la circonstance, et manifestement disproportionnée par rapport au comportement irrévérencieux du conducteur, l'un des gendarmes (...) a procédé à des tirs de sommation dans le but d'immobiliser le véhicule", touchant mortellement par balle à la tête la jeune fille de cinq ans, ajoute le communiqué.
- Foule en colère -
"Dans une violente furie, la foule s'est ruée sur le gendarme et lui a ôté la vie", a poursuivi M. Atonfack.
Des centaines de personnes ont ensuite marché avec la dépouille de la victime jusqu'au bureau du gouverneur du Sud-Ouest qui a cherché à apaiser la foule, selon Blaise Chamango, responsable de l'ONG Human Is Right, présente à Buéa.
Le ministre de la Défense "regrette profondément ce malheureux incident", poursuit M. Atonfack dans le communiqué de l'armée. L'enquête "permettra de préciser les contours et les responsabilités de cet incident doublement mortel", conclut-il.
Des images non authentifiées de la fillette tuée, du gendarme et de la foule en colère abondent sur les réseaux sociaux.
Dans les deux régions Sud-Ouest et Nord-Ouest, où vit l'essentiel de la minorité anglophone d'un pays majoritairement francophone dirigé par l'indéboulonnable Paul Biya, 88 ans dont près de 39 au pouvoir, les groupes armés séparatistes et les forces de sécurité dépêchées par Yaoundé s'affrontent dans un conflit meurtrier depuis quatre ans.
En septembre, une quinzaine de soldats avaient été tués dans deux attaques en cinq jours.
Les deux camps sont également régulièrement accusés par les ONG internationales et l'ONU d'exactions et de crimes contre les civils.
Le conflit a fait plus de 3.500 morts et forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile depuis 2017, selon les mêmes sources.
Cette insurrection avait éclaté fin 2017 après de nombreuses manifestations d'une partie de la minorité anglophone qui s'estimait ostracisée.
"Le meurtre d'un enfant, même s'il n'a rien à voir avec la crise anglophone, peut faire dégénérer la situation", a affirmé un responsable d'ONG qui a requis l'anonymat.
"Le climat d'impunité dont bénéficie les forces de sécurité dans la région favorise ce type d'événements", a-t-il ajouté.
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