Mozambique
Les djihadistes, affiliés à l'organisation Etat islamique (EI), s'appuyeraient sur les enlèvements pour combattre le gouvernement mozambicain.
Des centaines d'enfants dans le nord-est du Mozambique ont été enlevés par des djihadistes, puis entraînés dans des camps pour devenir des combattants et rejoindre leurs rangs, a dénoncé mercredi l'ONG Human Rights Watch.
Des groupes armés djihadistes font régner la terreur depuis fin 2017 dans la province du Cabo Delgado, frontalière de la Tanzanie, riche en gaz naturel mais pauvre et à majorité musulmane.
Plusieurs témoins ont rapporté à l'ONG l'enlèvement de centaines de garçons, certains âgés seulement de 12 ans, ensuite conduits dans des camps d'entraînement.
"_Nous avons rejoint d'autres hommes et garçons, nombreux, et on nous a appris comment utiliser des armes et des couteaux pour nous battr_e", a ainsi déclaré à l'ONG un jeune homme affirmant avoir été enlevé par les jihadistes en 2020 à Mbau, à environ 150 kilomètres de Pemba, la capitale du Cabo Delgado.
"Ils nous ont dit que nous devions tuer et nous battre pour notre terre et pour protéger notre religion", a-t-il poursuivi, expliquant avoir réussi à s'enfuir.
En mars dernier, une attaque d'ampleur sur la ville portuaire de Palma a fait des dizaines de morts. Selon un habitant, des jihadistes ont enlevé son fils de 17 ans lors du raid.
"J'ai supplié à genoux qu'il me prenne à sa place", a raconté le père, ajoutant qu'un des hommes a frappé sa femme à la tête avec un AK-47.
Celle-ci dit avoir revu son fils deux mois après l'attaque, juste avant que la famille ne quitte Palma transformée en ville fantôme après les violences.
"J'étais cachée à l'intérieur de la maison quand j'ai entendu sa voix", a-t-elle rapporté à HRW. "Je l'ai vu avec une douzaine d'autres garçons, tous portant des pantalons de camouflage et un bandeau rouge autour de la tête".
L'ONG a récolté les témoignages de quatre parents, un jeune garçon qui dit s'être échappé et deux témoins.
Le conflit dans la région a tué 3 300 personnes dont une majorité de civils, selon l'ONG Acled. Plus de 800 000 personnes ont été forcées à quitter leur foyer.
Selon le président du Mozambique, Filipe Nyusi, le conflit contre les groupes armés jihadistes, marqué par quelques succès des forces conjointes mozambicaines et rwandaises, se trouve en "phase de consolidation".
Le port stratégique de Mocimboa da Praia a été repris aux jihadistes début août et des avancées ont été faites dans la zone de Palma, tout proche des installations gazières pilotées par le groupe français Total.
Le Rwanda a été le premier pays africain à envoyer des troupes, mille soldats en juillet, pour aider l'armée mozambicaine. D'autres dans la région ont suivi, notamment l'Afrique du Sud qui a envoyé 1 500 soldats.
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