Afrique du Sud
L'ex-président sud-africain Jacob Zuma, emprisonné pour outrage depuis le 8 juillet, a pu se rendre aux obsèques de son frère jeudi grâce à une permission exceptionnelle de sortie.
"En tant que détenu à courte peine et classé à faible risque, la demande de congé pour raisons familiales" présentée par Jacob Zuma "a été approuvée", avaient annoncé les services pénitentiaires. Tôt jeudi, l'ancien président a discrètement quitté la prison d'Estcourt pour parcourir les quelque 175 km la séparant de son fief de Nkandla (Est), où il possède une vaste résidence et où son frère cadet Michael, mort à 77 ans d'une longue maladie, devait être inhumé.
Des soldats étaient positionnés le long la route qui mène à un groupe de maisons aux toits de chaume, entourées de collines, où réside la famille nombreuse de l'ancien président. A plusieurs reprises, un convoi de BMW noires est passé en trombe. Les violentes émeutes, pillages et incendies qui ont frappé l'Afrique du Sud mi-juillet et fait au moins 276 morts, avaient été déclenchées par l'incarcération de Jacob Zuma dans sa région du Kwazulu-Natal (Est), avant de s'étendre à Johannesburg.
Outrage à la justice
Plusieurs centaines de ses partisans, certains armés, s'étaient retrouvés à Nkandla, pendant les quelques jours d'incertitude précédant l'ultimatum de la justice pour son incarcération. Il s'était enfin constitué prisonnier le 8 juillet au petit matin. Dès le lendemain, des routes à proximité avaient été bloquées par ses partisans, qui ont aussi mis le feu à des pneus, avant que la violence ne dégénère en pillages et incendies criminels.
Jacob Zuma avait été condamné fin juin pour outrage à la justice, pour avoir obstinément refusé de comparaître devant une commission qui enquête sur la corruption d'Etat sous sa présidence (2008-2019). Pour cette sortie exceptionnelle, il a été autorisé à s'habiller en civil et à laisser sa tenue de prisonnier quelques heures, avaient précisé les services pénitentiaires.
Corruption et racket
Surnommé le "président Teflon" pour son habileté à échapper à la justice, Jacob Zuma doit encore comparaître en août pour répondre de 16 chefs d'accusation de fraude, corruption et racket liés à l'achat, en 1999, de matériel militaire auprès de cinq sociétés d'armement européennes, alors qu'il était vice-président. Le groupe français Thales est aussi poursuivi pour corruption et blanchiment.
L'ex-dirigeant charismatique, emprisonné dix ans au pénitencier de Robben Island aux côtés de l'icône Nelson Mandela pour son engagement dans la lutte contre le régime d'apartheid, conserve de fervents soutiens, notamment en pays zoulou dont il est originaire mais aussi au sein du parti de Mandela, le Congrès national africain (ANC), au pouvoir.
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