Ethiopie
L’Éthiopie revendique la mort de hauts responsables du Tigré. Selon un communiqué, l’armée éthiopienne aurait neutralisé au moins quatre officiels du Front de Libération du Peuple du Tigré.
Ce jeudi, le général Tesfay Ayiew a annoncé la mort entre autres du porte-parole du TPLF, Sekoture Getachew, et de Daniel Assefa, ancien chef du bureau des finances du Tigré. Zeray Asgedom, l'ancien chef de l'Autorité éthiopienne de radiodiffusion, et Abebe Asgedom ont également été tués au cours de l'opération. Il a déclaré que neuf autres dirigeants du TPLF ont également été arrêtés, dont Kidusan Nega, ancien président de la région dissidente, et Abadi Zemu, ancien ambassadeur d'Ethiopie au Soudan.
Parmi les responsables interpellés figurent l'un des membres fondateurs du TPLF, Sebhat Nega, âgé de plus de 80 ans. Ce dernier s'était retiré de la vie politique mais demeurait une personnalité influente du parti.
En novembre dernier, le gouvernement éthiopien avait émis des mandats d'arrêt contre plus de 60 hauts dirigeants tigréens. Le président du TPLF, Debretsion Gebremichael, est toujours introuvable. Le 28 novembre, le Premier ministre Abiy Ahmed avait annoncé la fin d'une offensive militaire après que la capitale régionale Mekele était tombée aux mains de l'armée fédérale.
Armée érythréenne en Ethiopie
Cette annonce intervient après la confirmation par le général Belay Seyoum que des troupes de l’Érythrée étaient entrées dans la région du Tigré (nord de l'Ethiopie) au cours de l'opération militaire lancée par Addis Abeba contre les autorités régionales.
Dans un enregistrement datant de fin décembre mais qui a émergé sur les réseaux sociaux mercredi, le chef du Commandement Nord de l'armée éthiopienne y échange avec des habitants de Mekele sur des sujets divers tels que la situation sécuritaire ou la restauration des services publics.
Après avoir rappelé que la mission première de l'armée "est de sauvegarder l'intégrité territoriale de l'Ethiopie", le général explique qu'une "force armée étrangère non souhaitée est entrée sur notre territoire", alors que les combats faisaient rage entre l'armée éthiopienne et les forces loyales à l'administration tigréenne. L'armée érythréenne "est entrée sur notre territoire d'elle-même, il faut que cela soit bien clair", a ajouté le général, sans préciser quand les soldats ont franchi la frontière, où ils sont allés et s'ils sont encore présents en Ethiopie.
Mi-décembre, les Etats-Unis avaient jugé "crédibles" et "graves" les informations sur la présence de troupes érythréennes au Tigré. L'ambassadeur éthiopien aux Etats-Unis, Fitsum Arega, avait dans la foulée dénoncé un "mensonge". Des habitants du Tigré ont également évoqué à l'AFP la présence de troupes érythréennes sur leur sol, les accusant d'exactions et de pillages.
Nobel de la Paix
Peu après son arrivée au pouvoir en 2018, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed avait rapidement opéré un rapprochement historique avec l'Erythrée et son dirigeant Issaias Afeworki, ce qui lui avait notamment valu le prix Nobel de la Paix 2019.
Le 4 novembre, il avait lancé une opération militaire d'envergure pour déloger les dirigeants dissidents du TPLF, parti qui dirigeait les institutions régionales après avoir détenu les leviers de pouvoir durant près de 30 ans à Addis Abeba.
Le régime d'Asmara est l'ennemi juré du TPLF depuis la guerre meurtrière ayant opposé l'Erythrée et l'Ethiopie entre 1998 et 2000, au temps de la toute-puissance du parti tigréen à Addis Abeba. Avant le début du conflit, le Tigré abritait quelque 96 000 réfugiés érythréens qui ont fui le régime autocratique du président Issaias. La présence de troupes érythréennes dans la région fait craindre de possibles exactions des troupes d'Asmara contre ces réfugiés, y compris des retours forcés dans leur pays.
Aucun bilan précis du conflit au Tigré n'est disponible, mais les combats ont poussé plus de 50 000 personnes à trouver refuge au Soudan voisin et en ont déplacé plus de 63 000 à l'intérieur de la région, selon l'ONU
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