Côte d'Ivoire
Des accusations publiques qui pourraient coûter cher en terme d'image et de ventes et aux grands groupes chocolatiers, déjà sur la sellette depuis plusieurs années sur les questions d'éthique.
Les dirigeants de la Fédération des Organisations de Producteurs de Café Cacao (FOPCC), de l'Association nationale des coopératives agricoles de Côte d'Ivoire (ANACACI), de l'Association des producteurs et organisations professionnelles et agricoles de l'Ouest montagneux (APROPAM) et de la Fédération Nationale des Femmes Productrices de Café Cacao (FNFPCC) ont cité la suspension de leur "collaboration sur les programmes de durabilité et de certification" et même menacé d'arrêter de produire du cacao.
"C'est une question de survie. Nous sommes prêts à aller jusqu'au bout. Nous pouvons suspendre notre production de cacao pendant un an ou deux et nous tourner vers d'autres cultures", a déclaré Soro Penatirgué, président de l'ANACACI.
Cette nouvelle offensive médiatique survient après les accusations publiquement lancées lundi par la Côte d'Ivoire et le Ghana contre deux géants chocolatiers américains, **Hershey **et Mars, de ne pas payer le DRD. Ces pays sont les deux premiers producteurs de cacao mondiaux avec respectivement plus de 40 et 20% du marché.
Communication et marketing
Le CCC et son homologue du Ghana, le Cocobod, ont annoncé la suspension immédiate de tous les programmes de certification de Hershey dans les deux pays.
La Côte d'Ivoire, où le président Alassane Ouattara vient d'être réélu, et le Ghana, où le président Nana Akufo-Addo vise une réélection le 7 décembre, ont même dénoncé un "complot" des multinationales du chocolat pour "appauvrir trois millions de paysans ouest-africains".
Hershey et Mars ont protesté de leur bonne foi, assurant payer le DRD et soutenir les petits planteurs.
Le DRD a été imposée l'an dernier par les deux pays ouest-africains aux multinationales du négoce et de transformation du cacao et aux grands groupes chocolatiers, afin de mieux rémunérer les planteurs tropicaux.
Ceux-ci sont les parents pauvres du marché mondial du cacao et du chocolat, dont ils ne touchent que 6% des 100 milliards de dollars de revenus annuels. La moitié des planteurs ivoiriens vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.
Les programmes de certification des chocolatiers visent à garantir qu'ils achètent du cacao "durable" respectant des critères de production éthiques (n'entraînant pas de déforestation ou ne recourant pas au travail des enfants notamment). Ils sont un élément de communication et de marketing important en direction des consommateurs occidentaux.
Coïncidence du calendrier, dans une tout autre affaire aux Etats-Unis, deux multinationales du négoce du cacao et du chocolat, Cargill et Nestlé, sont poursuivis pour complicité de travail forcé d'enfants dans des plantations de cacao en Côte d'Ivoire.
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