Mauritanie
En Mauritanie, l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz est sorti ce lundi des locaux de la police.
Son passeport retenu, l’ancien chef de l’Etat n’est plus libre de ses mouvements, confirmant sa disgrâce progressive sous l'actuel président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.
Le 17 août, il s’était rendu au siège de la Direction générale de la Sûreté nationale pour répondre à des soupçons de mauvaise gouvernance et de détournements de biens publics sous sa présidence. Selon son avocat, Taghioullah Aïda, M. Aziz ne fait l'objet d'aucune mise en cause formelle, mais aurait refusé de répondre aux policiers en invoquant son immunité constitutionnelle.
Commission d'enquête parlementaire
En janvier, une commission d'enquête parlementaire s’était penché sur des dossiers de gestion des revenus pétroliers, vente de domaines de l'Etat, liquidation d'une société publique qui assurait l'approvisionnement du pays en denrées alimentaires ou encore activités d'une société chinoise de pêche. Elle a entendu plusieurs de ses anciens Premiers ministres ou ministres, et son président avait indiqué que le nom de M. Aziz avait été cité à plusieurs reprises en lien avec des agissements suspectés de violer la loi mauritanienne.
M. Aziz avait ignoré début juillet sa convocation devant cette commission qui a transmis début août son rapport à la justice mauritanienne. Fin juillet, des députés ont voté une loi instituant une Haute cour de justice, compétente pour juger le chef de l'Etat et les ministres en cas de "haute trahison".
Écart politique
Ces investigations vont de pair avec une mise à l'écart politique de l'ex-chef d'Etat. En décembre 2019, il avait perdu la direction de l'Union pour la République (UPR), parti qu'il a pourtant fondé.
Les délégués avaient élu sans opposition un nouveau Conseil national, désignant à sa tête un homme choisi par M. Ghazouani, Sidi Mohamed Ould Taleb Amar, ancien ministre qui s'était éloigné de la politique nationale pendant plus de dix ans.
Début août, un remaniement ministériel opéré par le nouveau chef de l'Etat a écarté quatre ministres liés à l'ancien pouvoir, dont le chef du gouvernement Ismaïl Ould Bedda Ould Cheikh Sidiya, afin de leur "laisser le temps dont ils auront besoin pour prouver leur innocence" dans les investigations en cours, selon le secrétaire général de la présidence, Adama Bocar Soko.
Le président Aziz avait pris le pouvoir dans ce pays d'Afrique de l'Ouest de 4,5 millions d'habitants par un coup d'Etat militaire en 2008, puis remporté la présidentielle en 2009 et en 2014.
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