Suisse
Saisies par la justice dans l’affaire dite du blanchiment d’argent, les voitures de luxe, proposées aux enchères en Suisse, n’ont pas mis beaucoup de temps avant de passer à d’autres mains. La procédure judiciaire a finalement eu raison du fils d’Obiang Nguema.
Les commissaires-priseurs de Bonhams, la maison d’enchères britannique qui a organisé la vente, n’ont pas fait dans la dentelle en proposant comme estimation de base la somme de 18,5 millions de francs suisses (plus de 17 millions d’euros). Dans un communiqué, Bonhams déclare : “La star de la collection, une Lamborghini Veneno ultra-rare, a été vendue pour 8,28 millions, commission comprise (7,6 millions d’euros), un record mondial pour la marque.”
La voiture de marque italienne (voir photo) dont il ne reste que neuf exemplaires sur Terre, est désormais la propriété d’un “collectionneur international privé”, selon une précision de Lynnie Farrant, porte-parole de la maison des enchères. Le même collectionneur privé, heureux propriétaire de la Lamborghini Veneno de couleur blanc cassé est aussi détenteur d’un nombre important d’autres véhicules issus de la même vente aux enchères.
Ce collectionneur privé très actif
Non content de détenir la prestigieuse hyper car, il s’est offert une Koenigsegg One de couleur bleu et noir carbone pour la somme de 4,2 millions d’euros. A titre de précision, le véhicule était estimé entre 1,7 et 2,1 millions d’euros et il n’en existe que six exemplaires.
C’est par petits groupes que les véhicules de luxe ont été vendus et leurs marques ne sont pas des moindres : Ferrari (7), Lamborghini (3), Bentley (5), Maserati (1) et McLaren (1), entre autres.
Parmi les ‘‘bijoux’‘ vendus, un a particulièrement retenu l’attention de tous ; une Aston Martin One-77 de couleur rouge. Sur l’entrée de la belle anglaise, la mention gravée “Construite à la main en Angleterre pour Theodore Nguema Obiang Mangue”. La voiture, estimée entre 1,3 et 1,7 millions d’euros, a finalement été cédée à environ 1,4 millions d’euros.
Si vous vous demandez ce que deviendra cette colossale somme d’argent, sachez que la Suisse compte la reverser à des œuvres de charité basées en Guinée équatoriale, le pays de Teodorin Obiang Nguema, vice-président et fils du président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo.
Confisquée par la justice genevoise suite à l’ouverture en 2016 d’une procédure pénale à l’encontre de Teodorin Obiang dans une affaire de “blanchiment d’argent et gestion déloyale des intérêts publics”, la collection de belles mécaniques est désormais dispersée entre d’autres mains.
C’est en février dernier que la procédure a été classée, suite à un accord conclue entre la justice genevoise et les autorités de Guinée équatoriale. Cet accord stipulait la vente des 25 véhicules de luxe et la mise à disposition du produit (de la vente) à un programme à caractère social en Guinée équatoriale. Le tout, sous la supervision du ministère suisse des Affaires étrangères.
La volte-face qui a échoué
Et ce n’est pas tout ; la Guinée équatoriale s’est aussi engagée à verser la somme de 1,3 millions de francs suisses (1,4 millions d’euros) à titre de recouvrement des frais de procédure dans le cadre de la vente aux enchères.
Mais le pays d’Obiang Nguema avait tenté une volte-face. En effet, à seulement quelques jours de la vente aux enchères, la Guinée équatoriale, estimant que le prix de la vente serait plus élevé lors de ventes de gré à gré avec des collectionneurs et des professionnels de la branche, s’essayait à une manœuvre pour l’annulation du deal. La justice genevoise n’a tout simplement pas suivi la Guinée équatoriale dans cette tentative.
En 2017, Teodoro Obiang Nguema a été condamné à Paris à trois ans de prison avec sursis, une sentence doublée d’une amende de 30 millions d’euros. Il lui a été reproché la construction frauduleuse d’un colossal patrimoine constitué, entre autres, d’un hôtel particulier à Paris, de voitures de course et de luxe, de jets privés et de dizaines de costumes de grandes marques hors de prix. Cette affaire, plus connue sous l’appellation de “biens mal acquis”, a vu le concerné faire appel de la sentence.
Tous ces revers judiciaires ne freinent cependant pas l’ascension au sommet de Teodorin Obiang dans son pays. Fin novembre 2018, le fils Obiang, préféré de son père pour le poste de président de la République, dirigeait son premier Conseil des ministres, exercice qui n‘était jusqu’alors réalisé que par le président Teodoro Obiang.
Cela fait maintenant 40 ans que Teodoro Obiang Nguema, 77 ans, dirige d’une main de fer la Guinée équatoriale, petit pays pétrolier d’Afrique centrale depuis le coup d’Etat qui l’a porté au pouvoir en 1979. Le pays est marqué par l’une des plus graves corruptions au monde, selon l’ONG Transparency International. En Guinée équatoriale, une grande partie de la population vit dans la pauvreté.
Teodorin, le fils, occupe depuis 2012 le poste de vice-président et est surtout connu pour ses nombreuses frasques et coups d‘éclat qui sont le plus souvent très médiatisés.
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