Russie
L’Afrique. Panthéon des guerres d’influence entre puissances mondiales. Dans cette lutte à l’influence, la Russie a choisi l’expertise sécuritaire, un secteur qui a lui a réussi durant les années de guerre froide sur le continent.
En milieu de semaine dernière, le chef de l’Etat de la République du Congo, Denis Sassou N’Guesso, était accueilli en grande pompe en Russie où il menait une visite de haut niveau. Discours devant la Douma, le Parlement russe, et rencontre avec son homologue Vladimir Poutine, le président congolais est revenu dans son pays avec un accord militaire, point saillant de sa visite en Russie. Selon cet accord dont seuls quelques points liminaires ont été fournis, Moscou enverra des conseillers militaires à Brazzaville pour assurer des missions de formation et de maintenance. Un contrat de vente d’armes a également été évoqué.
Sur le continent cette offre de Moscou n’est pas exclusive à Brazzaville. Vendredi dernier, soit un jour après la signature de l’accord avec le Congo, Moscou rajoutait à son carnet d’adresses le Soudan. Deux accords ont du reste été entérinés. L’un portant sur un échange de points de vue et des informations sur les affaires politico-militaires ainsi que sur les questions de sécurité internationale. Puis un second accord acquiesçant de l’ouverture d’un bureau de représentation du ministère russe de la défense au Soudan en vue de la formation de l’armée soudanaise. En janvier dernier, déjà, Moscou confirmait la présence d’entreprises de sécurité russes au Soudan.
Depuis quelques années, en effet, les sociétés militaires privées russes se sont multipliées sur le continent. De quoi donner le tournis aux puissances occidentales jusque-là partenaires privilégiés des pouvoirs africains. La confirmation de militaires russes en Centrafrique au mois de janvier, avait ouvertement embarrassé Paris qui pointait alors devant la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées du Sénat “une présence active de la Russie, récente, significative, antifrançaise”.
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Moscou ne s’en est pas caché. Elle a confirmé la présence de 175 experts militaires, dont cinq instructeurs en Centrafrique, et ce, à la demande de la présidence centrafricaine. Et le pays de Vladimir Poutine ne compte pas s’arrêter là alors que des accords de coopération militaire ont déjà été signés avec une vingtaine de pays africains dont la RD Congo, l’Éthiopie, et le Mozambique.
Et la courbe pourrait davantage aller crescendo pour la Russie qui semble surfer sur son succès en Syrie, au côté du régime de Bachir Al-Assad où son soutien continu a permis de freiner la pression occidentale. Mais c’est surtout un revival des années de guerre froide lorsque l’URSS avait aidé nombre de pays africains à accéder à leur indépendance grâce à un soutien militaire. Une épopée inachevée avec l‘éclatement de l’URSS à la fin de la guerre froide au tournant des années 89 – 90 que Moscou espère ressusciter.
Dans la lignée de cet objectif, la Russie organisera en octobre 2019, dans sa ville de Sotchi, le premier sommet Russie-Afrique qui se penchera tant sur l’aspect de la coopération sécuritaire qu‘économique.
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