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Législatives au Bénin : très forte abstention en mi-journée

Bénin

Le Bénin, pays réputé pour être un exemple de démocratie en Afrique de l’Ouest, votait dimanche pour élire ses députés lors d’un scrutin historique où l’opposition n’a pas été autorisée à présenter de candidats, marquant pour beaucoup d’observateurs un tournant autoritaire du président Patrice Talon.

A la mi-journée, la radio nationale appelait en vain les 5 millions d‘électeurs béninois à “accomplir leur devoir de citoyen” et à se rendre aux urnes pour élire leurs 83 députés.

Mais l’opposition, privée de candidats à la suite d’une révision de la loi électorale, avait appelé ses supporters à ne pas aller voter, en signe de protestation.

Les rues étaient quasiment vides à travers le pays, et dans les bureaux de vote, les “électeurs arrivent au compte-goutte”, reconnaît Kpleli Glele Marius, président d’un bureau de vote de Seme-Podji, région de l’opposant en exil Sébastien Ajavon.

“Nous espérons que dans l’après midi ça sera l’affluence”, soupirait-il, alors que seuls une quinzaine de bulletins étaient disposés dans l’urne.

Quelques dizaines de kilomètres plus loin, dans un bureau de vote de Porto-Novo, la capitale, seuls 5 électeurs s‘étaient rendus aux urnes sur les 261 inscrits, quatre heures après l’ouverture des bureaux.

Même constat dans d’autres régions du pays: à Attogon, à une cinquantaine de km au nord de Cotonou, les représentants de la Commission électorale nationale (Céna) affirmaient que les électeurs étaient encore au culte, alors que les urnes restaient désespérément vides.

Une première depuis 1990

Dans la région d’Allada, seule une vingtaine d‘électeurs s‘étaient déplacés à la mi-journée en moyenne dans tous les bureaux visités.

C’est la première fois que l’opposition ne participe pas aux élections, depuis que le Bénin a assuré sa transition démocratique en 1990.

Beaucoup accusent le président Patrice Talon, élu en avril 2016, d‘être à l’origine de cette situation. La société civile béninoise ainsi que des représentants internationaux n’ont pas souhaité déployer d’observateurs en signe de mécontentement.

Les principaux opposants au président Talon vivent actuellement en exil, et récemment de nombreux activistes, politiques ou journalistes ont été interpellés ou convoqués au commissariat.

C’était également la stupéfaction dimanche matin lorsque le pays s’est réveillé sans aucun accès aux réseaux sociaux pour la première fois de son histoire.

Dans certaines régions acquises à l’opposition (Seme Podji, dans l’Ouemé, ou à Azovè, département du Couffo), tout réseau internet 3G était totalement indisponible.

Le porte-parole de la présidence avait pourtant affirmé à l’AFP jeudi que la question de couper internet n’avait “pas été discutée”.

“Je ne pense pas que l’on ira jusque là, cela ne fait pas partie de nos pratiques. Mais il y a beaucoup d’intox qui circulent sur les réseaux sociaux, il faut être vigilant pour notre sécurité”, avait déclaré Wilfried Houngbedji.

La situation était relativement calme pourtant, et aucun débordement majeur n‘était à signaler à la mi-journée, même si tout le monde restait sur le qui-vive.

Le matériel électoral a été brûlé a Tchaourou, département de Borgou, la commune de l’ancien président Boni Yayi.

Plus de 250 partis

L’ex-chef de l’Etat avait rompu son silence la semaine dernière demandant au président Talon d’interrompre le processus électoral, et à la population béninoise de se soulever dans un “sursaut patriotique”.

Certains de ses supporters ont d’ailleurs déposé des “gris-gris” devant plusieurs bureaux de vote de Tchaourou pour empêcher le bon déroulement du scrutin, dans un pays très versé dans la religion vaudoue.

Des échauffourées ont également éclaté samedi en fin de journée. Plusieurs routes, vers Calavi ou à Savè (département des Collines), ont été bloquées par des manifestants en colère qui ont mis le feu à des barricades.

“La vague d’arrestations arbitraires de militant(e)s politiques et de journalistes et la répression des manifestations pacifiques ont atteint un niveau alarmant au Bénin”, s’est inquiété Amnesty International dans un communiqué publié vendredi soir.

Le parlement a approuvé fin 2018 la mise en place d’un nouveau code électoral pour simplifier le paysage politique et empêcher la prolifération des partis (plus de 250 dans un pays de 12 millions d’habitants).

Toutefois, même les principaux mouvements de l’opposition ne sont pas parvenus à remplir les conditions imposées par la Céna et n’ont pas pu présenter leur liste.

Cinq millions de Béninois sont inscrits sur les listes électorales, et ont jusqu‘à 16h00 (15H00 GMT) pour choisir entre le Bloc Républicain et l’Union Progressiste, deux mouvements proches du président Patrice Talon.

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