Gabon
Qui succédera à Ali Bongo à la tête du Gabon au cas où son indisponibilité « temporaire » devient définitive ? Entre éventuels dauphins et opportunistes, la lutte pour le pouvoir pourrait être des plus acharnées.
Mis à jour à 15h GMT
Le Gabon a frôlé le coup d‘État ce lundi 7 janvier. Des militaires sous la férule du lieutenant Kelly Ondo Obiang de la garde républicaine se sont emparés du siège de la radio et de la télévision nationales gabonaises. Promettant la formation d’un « Conseil national de restauration », ils entendaient « garantir au peuple gabonais une transition démocratique » en appelant ce même peuple au soulèvement.
Lors d’un assaut lancé par le Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) du Gabon, Ondo Obiang et ses camarades ont été arrêtés d’après Guy Bertrand Mapangou, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement. Deux autres membres du commando ont été tués, a annoncé la présidence.
Mais, si la situation est sous contrôle, cette tentative de coup d‘État intervient en l’absence du président gabonais depuis plus de deux mois. Ali Bongo Ondimba est en convalescence à Rabat au Maroc où il tente de se remettre d’un AVC qui l’a frappé le 24 octobre 2018 à Ryad lors du forum économique Future Investment Initiative (FII).
Évitant le concept vacance de pouvoir, le gouvernement avait évoqué l’indisponibilité « temporaire » du Chef de l‘État. Lequel, ayant retrouvé ses facultés a promis le 31 décembre dans le traditionnel message à la Nation, de « vite retrouver » ses « chers » compatriotes.
Pour les initiateurs du mouvement du 7 janvier, c’est une « instrumentalisation » et « chosification » du président de la République.
C’est la deuxième tentative de coup d‘État de cette ampleur enregistrée au Gabon depuis le putsch manqué du 17 février 1964 contre le premier président Léon Mba. Il impliqua plus de cent militaires qui furent mis hors d‘état de nuire par une compagnie de parachutistes français envoyée par le général de Gaulle au nom des accords entre le Gabon et la France.
Toutefois, ce qu’on pourrait désormais appeler mouvement du 7 janvier 2019 bien que contenu sans l’intervention de soldats étrangers a été conçu au sein même du Palais du bord de mer et coordonné par le lieutenant Ondo Obiang Kelly, commandant adjoint de la garde républicaine.
Si Ondo Obiang peut avoir été guidé par l’audace qui caractérise très souvent des officiers subalternes, il est probable qu’il ait agi avec la bénédiction de quelque haut gradé et quelque grosse légume du Palais. Là, il pourrait s’agir de querelles entre divers clans qui se neutralisent en se réglant des comptes par le biais des machinations et de complots.
Partisans en disgrâce, opposants,…
Comme en témoigne la déchéance du général Jean-Philippe Ntumpa Lébani. Accusé d’atteinte à la sûreté de l‘État, il avait passé 3 ans en prison (2009-2012) sans être jugé. Et pourtant, ce divisionnaire, formé dans de grandes écoles militaires de l’Occident, est resté longtemps très proche des Bongo en assumant la lourde et prestigieuse fonction de secrétaire général du Conseil national de sécurité.
Et l’opposition ? Elle pourrait jouer à l’opportunisme. Comme Jean Ping qui continue de revendiquer la victoire à la présidentielle de 2016. En novembre dernier, la Coalition pour la nouvelle République créée par Jean Ping a lancé le mouvement TGV (train à grande vitesse) dont la destination finale devrait être le palais présidentiel.
Mais le TGV de Jean Ping n’est jamais arrivé à destination. Et « Il est toujours permis de rêver, car pour nous l‘élection présidentielle de 2016 est très très loin derrière nous », ironisait un membre du régime cité par RFI.
En attendant la fin de l’indisponibilité « temporaire » du président Bongo et la présidentielle de 2023, la tentative de coup d‘État pourrait être l’un des symptômes les plus visibles de la maladie qui ronge le système Bongo qui a survécu pendant plus de 50 ans à des mutations dont la perestroïka. De là à peiner à survivre à d‘éventuels futurs mouvements aussi bien spontanés que préparés.
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