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Climat des affaires en RDC: très lourd avec de potentielles éclaircies

Climat des affaires en RDC: très lourd avec de potentielles éclaircies

République démocratique du Congo

- C’est quoi ton rêve?

- Ouvrir un magasin en République démocratique du Congo.

Trois ans après cet échange avec sa direction, Richard Kalinda vient d’inaugurer une filiale de Décathlon (marque française d’articles de sport) à Kinshasa, capitale d’un pays où les affaires restent une activité à hauts risques.

Incertitude politique, harcèlement fiscal, manque de main d’oeuvre qualifiée, Ebola…: Français d’origine congolaise, M. Kalinda fait fi des “risques pays” et mise sur le potentiel démographique de Kinshasa (huit à dix millions d’habitants) et de la RDC (70 et 90 millions).

“Oser” ponctue le “story-telling” du jeune directeur qui a ouvert un premier point de vente-test en octobre 2016, entre deux épisodes sanglants de violence politique liée au maitien au pouvoir du président Joseph Kabila en dépit de la Constitution.

Autre pari: vendre des articles de loisirs dans une ville où des millions d’habitants pauvres se battent d’abord pour des dépenses de première nécessité (nourriture, logement, santé, transport, frais scolaires).

“Je dois toucher 0,1% de la population. On tente de s’adresser à la classe moyenne congolaise, c’est-à-dire des gens qui ont des revenus réguliers”, détaille M. Kalinda.

Même en ciblant une minorité de privilégiés à l’abri d’un contrat de travail, la stratégie commerciale doit s’adapter à des salaires souvent très faibles. “On essaie d‘être en concurrence avec le Grand marché de Kinshasa, avec par exemple un sac à dos à 6.000 francs congolais (3,65 dollars). Une personne qui gagne 150 dollars mensuels peut se l’acheter”.

L’immense potentiel de la RDC, plombé par des obstacles non moins énormes, ont été de mercredi à samedi au coeur de la “Semaine française de Kinshasa” et de la “Semaine minière de Lubumbashi”.

- “Pas de chasse gardée” – A Kinshasa, le thème de la rencontre organisée par la chambre franco-congolaise du commerce sonnait comme un appel aux ministres présents en nombre: “La sécurisation des affaires, un défi, une nécessité”.

La RDC pointe à la 182e place sur 190 du classement “Doing business” de la Banque mondiale. L’assureur-crédit français Coface décerne sa plus mauvaise note E comme extrême au risque lié à l’environnement des affaires, plaçant la RDC au même niveau que la Libye, le Venezuela, l’Afghanistan ou la Syrie…En cause: “l’incertitude politique, la corruption et les faibles performances en matière de gouvernance”.

“Les entreprises se heurtent trop souvent à des tracasseries administratives et procédurales qui peuvent s’apparenter à du harcèlement, notamment d’ordre fiscal”, a déclaré l’ambassadeur de France Alain Rémy à la revue Mining and Business.

Le diplomate s’est aussi préoccupé du sort des “chefs d’entreprise expatriés” obligés de “répondre à des convocations ad hominens qui trop souvent sortent du droit commun” avec des conséquences “y compris pour leur propre sécurité”.

Pour les entreprises, le double contrôle fiscal est de rigueur, avec souvent des “avis à tiers détenteur”, c’est-à-dire des saisies de compte bancaire, selon un spécialiste.

“Mais il y a une spécificité de ce pays: il n’y a pas de chasse gardée. Pour ouvrir une banque, vous n’avez pas besoin d‘être associé au président de la République. Le pays offre des possibilités qui n’existent par ailleurs”, veut croire Henry Wazne, administrateur-directeur général de la Sofibanque, l’un des établissements congolais.

Des secteurs s’ouvrent encore à la concurrence comme tout prochainement les assurances, jusqu‘à présent monopole public de la Société nationale des assurances (Sonas). “Le taux de pénétration des assurances est en-dessous de 25%. C’est-à-dire que 75% des risques assurables ne sont pas couverts”, selon Bushiri Ramazani, délégué régional de la Sonas. Un nouvel horizon pour Axa, Allianz ou Generali? En attendant, ce sont des banques congolaises comme la Sofibanque qui attendent leur agrément.

Comme Décathlon, adossé au géant de la grande distribution Mulliez, une entreprise doit arriver en RDC avec une mise de départ, car les banques congolaises qui prêtent à 14% n’ont pas assez de fonds propres: “Au dessus de 10 millions de dollars, les entreprises étrangères ne trouveront pas de banques pour les financer localement”, assure M. Wazne.

A Lubumbashi, les géants du secteur minier ont ressassé deux problèmes communs à toute l‘économie congolaise: le manque d’infrastructure et d‘électricité, qui bloque la transformation sur place des minerais en produits finis, et l’insécurité juridique.

Glencore, Randgold et les autres sociétés étrangères redoutent la fin d’une “clause de stabilité” des contrats qui les protégeait pendant dix ans contre tout changement de régime fiscal.

“L’Etat congolais devrait tout faire pour rassurer ses investisseurs en montrant que le Congo est un pays où ils seront protégés sur le plan juridique”, a résumé un haut-dirigeant congolais du groupe minier Tenke Fungurume.

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