Brésil
La nomination de l’ex-président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva au poste de ministre de la Casa Civil (l‘équivalent de Premier ministre ou chef de cabinet du président de la République) fâche les Brésiliens.
Cette nomination qui était pressentie depuis quelques jours, est perçue par bon nombre d’observateurs comme étant une tactique qui permettra de sortir la présidente Dilma Roussef de l’impasse. Aux dernières nouvelles, les députés ont donné le coup d’envoi du processus de destitution de la présidente brésilienne, qui a la réputation d‘être la protégée de Lula da Silva. Mais il n’y a pas que ça.
L’entrée au gouvernement de l’ancien président est synonyme, pour certains, d’arrangement avec la justice. En effet, Lula da Silva est suspecté de corruption dans l’enquête du « Lava Jato » (lavage express). Cette affaire concerne un scandale d’appels d’offres truqués, impliquant le groupe pétrolier Petrobras, des entreprises du bâtiment et travaux publics (BTP), ainsi que des hommes politiques. Avec le titre de ministre, Lula da Silva pourra ainsi réussir à passer entre les mailles du filet du juge fédéral Sergio Moro. Seule la Cour suprême pourra lui réclamer des comptes.
La police fédérale a divulgué une écoute téléphonique émanant d’une conversation entre l’ancien président et Dilma Roussef. Dans cet enregistrement (qui dure une minute et 30 secondes), Dilma Rousseff fait savoir à Lula da Silva qu’elle lui fera parvenir son « décret officiel » de nomination, afin qu’il puisse « s’en servir en cas de besoin ». Il n’en fallait pas plus pour mettre les populations de plusieurs villes du pays dans une grande colère.
Mercredi soir, une trentaine de villes parmi lesquelles Brasilia et Sao Paulo, ont vu leurs pavés piétinés par des manifestants qui exigeaient la démission pure et simple de Dilma Roussef, ainsi que l’emprisonnement de Lula da Silva.
Mais le gouvernement tente de calmer les nerfs, expliquant que l’ex-président reste justiciable. Luiz Inácio Lula da Silva, qui fut autrefois perçu comme l’homme providentiel, celui-là même qui sortit 25 millions de Brésiliens de la pauvreté, est aujourd’hui sur une pente bien raide.
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