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RDC : Uvira entre espoir, prudence et scepticisme après l’annonce du retrait de l’AFC-M23

Uvira, RDC   -  
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Wakam, Nathalie/

République démocratique du Congo

À Uvira, dans l’est de la République démocratique du Congo, l’annonce du retrait « unilatéral» des combattants de l’AFC-M23 ravive l’espoir d’un retour à la paix, tout en laissant place à de nombreuses interrogations.

À quelques heures de l’annonce du retrait des rebelles de l’Alliance Fleuve Congo (AFC-M23), les rues d’Uvira bruissement de discussions. Ce mardi, les habitants de cette ville stratégique du Sud-Kivu, passée sous contrôle rebelle la semaine dernière, oscillent entre soulagement, méfiance et attente.

Dans les quartiers populaires comme dans le centre-ville, la nouvelle a rapidement fait le tour des conversations. Si certains saluent un premier pas vers l’apaisement, d’autres doutent de la réalité et de la durabilité de ce retrait.

Furaha Amani, habitante d’Uvira, exprime un sentiment partagé par de nombreux riverains :

« Nous avons attendu que les M23 se retirent, mais nous les avons vus le matin. Nous n'avons pas de problème ; ceux qui vont nous protéger, c'est avec eux que nous resterons. Tout ce que nous voulons, c'est de la paix. »

Ces propos traduisent à la fois la lassitude d’une population fatiguée par la guerre et une forme de pragmatisme dictée par la survie quotidienne. À Uvira, la sécurité reste la principale préoccupation, quel que soit l’acteur qui la garantit.

Pour Rachid Nezera, une autre habitante, l’enjeu est avant tout économique et social :

« Nous voulons la paix. Lorsqu'ils sont arrivés, ils ont dit qu'ils allaient nous apporter la paix. Nous avons besoin de paix pour que chacun puisse exercer son travail en toute tranquillité. »

Marchés perturbés, écoles fermées, activités paralysées : l’occupation récente de la ville a profondément affecté la vie locale. Le retour à une normalité minimale demeure l’aspiration centrale.

Dans un communiqué publié ce mardi, le coordonnateur de l’AFC-M23, Corneille Nangaa, a confirmé le retrait unilatéral de ses forces d’Uvira. Le mouvement affirme répondre à une demande des États-Unis, dans un contexte de pressions diplomatiques accrues.

Mais cette annonce n’est pas sans contreparties. L’AFC-M23 pose plusieurs conditions, notamment la démilitarisation complète de la ville, la protection effective des civils et le contrôle strict du cessez-le-feu. Le groupe armé appelle également au déploiement d’une force neutre chargée de superviser la situation sécuritaire.

Sur le terrain, ces exigences alimentent les interrogations. Qui assurera réellement la sécurité des populations ? Quelles forces remplaceront les combattants rebelles ? Autant de questions qui restent pour l’instant sans réponse claire.

L’annonce du retrait intervient dans un climat régional marqué par de fortes tensions diplomatiques. Washington accuse ouvertement le Rwanda de soutenir l’AFC-M23, une accusation que Kigali rejette. Devant le Conseil de sécurité des Nations unies, le 12 décembre dernier, l’ambassadeur américain Mike Waltz a dénoncé une politique rwandaise qui, selon lui, « mène la région vers davantage d’instabilité et vers la guerre ».

Ces déclarations renforcent l’idée que le dossier sécuritaire de l’est de la RDC dépasse largement les frontières nationales. Pour les habitants d’Uvira, toutefois, ces enjeux géopolitiques restent lointains face à une réalité immédiate : vivre sans la peur constante des armes.

Si l’annonce du retrait suscite un frémissement d’espoir, la population d’Uvira reste sur ses gardes.

Dans cette ville frontalière avec le Burundi, la paix est devenue une promesse fragile, souvent annoncée, rarement durable. Pour beaucoup, le véritable test ne sera pas l’annonce politique, mais la réalité sur le terrain dans les jours et semaines à venir. À Uvira, l’espoir existe encore. Mais il avance, une fois de plus, à pas mesurés.

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