Cameroun
La ville de Maroua, dans l’Extrême-Nord du Cameroun, est restée paralysée dès les premières heures du vendredi 31 octobre 2025. La consigne de "ville morte", lancée la veille, a été largement respectée. Par crainte de représailles, des milliers de commerçants ont préféré garder leurs boutiques fermées.
« Nos enfants et nos frères n'ont plus la force de chercher de la nourriture. C'est très dur pour nous, les commerçants. On nous a menacés de brûler le marché, c'est pourquoi nous avons fermé aujourd'hui », témoigne Hayatou, vendeur au marché central.
Pour d’autres, les conséquences économiques se font déjà sentir. « Nous n'avons pas pu faire nos activités commerciales, ce qui nous pose beaucoup de problèmes, et c'est à cause des villes mortes. Il n'y a pas de clients ni d'acheteurs », confie Mouhamadou Blama, commerçant.
Le marché des fruits et légumes, habituellement animé, est désormais à l’arrêt. Les étals sont abandonnés, et les produits s’abîment. « Depuis que nous avons fermé ce matin, nous n'avons pas pu vendre, et nos marchandises commencent à pourrir. On ne sait pas quoi faire dans ce marché aux légumes », explique Mahamout, vendeur de fruits.
L’absence visible des forces de sécurité accentue le sentiment de peur. « Aujourd'hui, nous n'avons pas ouvert parce que nous ne sommes pas en sécurité. Il y a plus de 2 000 boutiques sur le marché, mais pas de police, pas de gendarmerie », déplore Abdoul Aziz, un autre commerçant.
Un mouvement national en expansion
La paralysie touche aussi le secteur éducatif. De nombreux élèves ne se rendent plus à l’école. « Ce matin, nous devions être 50 dans la classe, mais nous n’étions que 20. Sortir est compliqué, et les autres ont peur », raconte Gringa Dieudonné, élève dans un lycée de la ville.
L’appel à la désobéissance civile lancé par Issa Tchiroma Bakary prévoit plusieurs jours de "villes mortes" à travers le pays, du 3 au 5 novembre. Mais certaines localités, comme Maroua, ont anticipé la consigne. Le leader a d’ailleurs annoncé l’entrée dans la phase 3 de son plan, marquant un bras de fer prolongé avec les autorités de Yaoundé.
Alors que la crise s’installe, les habitants de Maroua oscillent entre peur, résignation et incertitude face à une situation dont nul ne semble maîtriser l’issue.
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