Guerre Israël-Hamas : Gaza confrontée à une famine sans précédent

Dans les rues dévastées de la ville de Gaza, des files de femmes, d’enfants et de vieillards s’allongent chaque jour devant les rares cuisines caritatives encore en fonctionnement. Des casseroles vides à la main, ils attendent des heures dans l’espoir de recevoir un peu de nourriture.

Parmi eux, Wael Shaaban, déplacé du camp de Jabaliya, n’a plus les moyens de nourrir sa famille : « Nous attendons depuis trois heures pour aller chercher de la nourriture pour nos petits enfants. Nous n'avons ni argent ni nourriture. Il n'y a pas d'eau et nous essayons d'aller chercher un repas pour nos enfants afin qu'ils ne souffrent plus de la faim », confie-t-il.

La faim frappe tous les foyers, y compris ceux déjà endeuillés. Najwa al-Najjar, également déplacée de Jabaliya, a perdu un enfant lors du dernier Ramadan : « Mon petit enfant est un martyr, il est mort de faim pendant le mois du ramadan l'année dernière. J’ai un autre enfant malade, et j’ai peur qu’il meure aussi. Je n’ai ni farine ni nourriture. Je nourris mes enfants avec ce que je trouve dans les cuisines caritatives », dit-elle, les larmes aux yeux.

Dans le nord comme dans le centre de l’enclave, les témoignages se multiplient. Tous dénoncent une situation critique, que des organisations humanitaires qualifient déjà de famine. Le Programme alimentaire mondial (PAM) et plusieurs ONG alertent depuis des mois sur le risque d’un effondrement total de la sécurité alimentaire dans Gaza.

Aisha al-Zayd, elle aussi déplacée, lance un cri d’alerte : « Si vous voyiez mon enfant, il est méconnaissable à cause de la faim. C’est une famine. Nos enfants meurent, tous les enfants meurent, les nourrissons meurent dès leur naissance. Quand cela prendra-t-il fin ? »

Selon l’ONU, les livraisons d’aide sont largement insuffisantes pour répondre aux besoins de plus de deux millions de personnes. Plusieurs centaines de Palestiniens ont été tués ces dernières semaines en tentant de récupérer de la nourriture lors de distributions.

Face aux pressions internationales, Tsahal a annoncé samedi soir le lancement de largages d’aide aérienne ainsi que l’établissement de corridors humanitaires pour les convois de l’ONU.

Mais sur le terrain, les témoignages sont unanimes : l’aide arrive au compte-gouttes et ne suffit pas à endiguer la crise. Dans une bande de Gaza sous blocus, où la majorité des habitants ont été déplacés plusieurs fois depuis le début de la guerre en octobre 2023, la faim est devenue une arme invisible, mais tout aussi meurtrière.