Tchad
Au Tchad, le général Mahamat Idriss Déby a prêté serment pour un second « mandat » de la transition. Un nouveau ‘’segment’’ de deux ans, sans s’attirer les foudres des institutions africaines et de la communauté internationale.
Le 20 avril 2021, quand son père Idriss Déby était été tué après 30 années de règne sans partage sur ce vaste pays sahélien, Mahamat Idriss Déby, à la tête d’un conseil militaire de Transition de quinze généraux avait rapidement pris le pouvoir. Il avait abrogé la Constitution, dissout le Parlement et limogé le gouvernement avec la promesse d’organiser des élections libres et démocratiques après une transition de 18 mois renouvelable une fois.
Sauf que l’histoire de cette transition très adoubée par la communauté internationale avec la présence du seul chef d’Etat occidental Emmanuel Macron aux obsèques de son père, avait fini par laisser dans le désespoir ceux qui appelaient de tous leurs vœux un changement de régime au Tchad.
Un changement de paradigme ou du moins pas encore...
Le dialogue national inclusif et souverain voulu par Mahamat Idriss Déby en dépit de l’absence des partis d’opposition, des associations de la société civile ou encore des groupes rebelles comme le FACT, a donné dans ses conclusions un champ libre au fils Déby pour garder le pouvoir au moins jusqu’en 2024.
Pour rappel, dans la première semaine de ce dialogue, l’opposant Succès Masra avait été assiégé à son domicile avec des dizaines de partisans opposés à ‘’une mascarade’’ initiée pour faire passer en douceur la volonté d’un seul homme’’.
Prolongation de la transition de 24 mois
Le 10 octobre soit deux jours après la clôture du DNIS, le général cinq étoiles prête serment, un seul chef d’Etat a répondu à l’invitation, le Nigérian Muhammadu Buhari, en fin de mandat. L'UA, ainsi que les nombreux chefs d'Etat africains invités, ont boudé la cérémonie. L'UE et la France - qui se sont dites "préoccupées" par la remise en cause de "la durée de la transition et de la clause d'inéligibilité" -, n'étaient représentées que par leurs ambassadeurs.
Les 24 mois de la prolongation de la transition et la possibilité pour tous ceux qui ont pris part à la transition de se présenter aux prochaines échéances électorales sont passés sans grande contraintes. Le choix d’un opposant historique Saleh Kebzabo comme chef du gouvernement de la transition a-t-il douché les oppositions et les condamnations des organisations africaines comme l’UA. Ce silence embarrassant des institutions soucieuses du respect des textes inquiète les Tchadiens.
La prolongation de la transition et l'éligibilité de M. Déby ont "fait sauter un verrou mis en place par l'UA qui exigeait encore des militaires de limiter à 18 mois la transition et lui rappelait "sans équivoque, qu'aucun" de ses membres "ne pourra être candidat aux élections".
Seulement, sur le plan national, le leader du Front pour l’alternance et la concorde Mahamat Madhi Ali a condamné la prolongation de deux ans de la période de transition.
Près de quatre jours après la prestation de serment, l'Union africaine est toujours mutique, elle qui, depuis 2020, a suspendu de ses instances, le Mali, le Soudan, la Guinée et le Burkina Faso.
Que dire de la CEMAC, la communauté monétaire et économique d’Afrique centrale. Elle est silencieuse, au nom certainement du sacro-saint principe de la non-ingérence dans les ‘’ transitions’’ internes.
Pas le même sort au Mali, au Burkina ou encore en Guinée. La CEMAC n’est pas la CEDEAO.
Dans ces pays, les transitions militaires ne bénéficient pas du même traitement de faveur réservé au Tchad. Sanctions, suspensions des instances régionales, gel des avoirs dans les banques centrales, le nombre de mesures prises contre ses militaires n'est pas exhaustif.
Le calendrier électoral prévoit des élections en 2024. Paul Biya, Denis Sassou Nguesso, Ali Bongo Ondimba, Theodoro Obiang Nguema et autres, ont-ils simplement pris bonne note ?
En attendant, la succession ‘’ dynastique’’ définitive est sur un boulevard selon des observateurs.
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