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Cameroun : 7 personnes, dont 1 sous-préfet, tuées en zone anglophone

Cameroun : 7 personnes, dont 1 sous-préfet, tuées en zone anglophone
Les forces de sécurité camerounaises patrouillent dans les rues menant au stade de football de Limbe, le 18 janvier 2021, dans la zone anglophone   -  
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Cameroun

Sept personnes, dont un sous-préfet et un maire, ont été tuées mercredi dans l'attaque de leur convoi par des hommes armés sur une route du sud-ouest anglophone du Cameroun, en proie à un sanglant conflit séparatiste.

"Aux environs de 11h, le sous-préfet était en tournée (...) avec un convoi de quatre véhicules" à Bekora, dans la région administrative du Sud-Ouest, a déclaré le gouverneur régional Bernard Okalia Bilaï à la CRTV, la télévision d'État camerounaise.

Au passage du convoi, des "terroristes" ont "déclenché les explosifs et (...) se sont mis à tirer sur la voiture puisqu'ils étaient en embuscade", a poursuivi le gouverneur. Il a précisé que sept personnes, dont le sous-préfet, un maire et un responsable local du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir au Cameroun, avaient été tuées dans cette attaque.

Les régions administratives du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont peuplées principalement par la minorité anglophone du Cameroun, pays majoritairement francophone. Après la défaite de l'Allemagne en 1918, la Société des Nations (SDN, ancêtre de l'ONU) avait confié la majeure partie de la colonie allemande du Kamerun à la tutelle de la France et le reste - la partie occidentale bordant le Nigeria - à la Grande-Bretagne.En 1961, certaines régions sous tutelle britannique avaient opté pour leur rattachement à l'ex-Cameroun français, indépendant depuis l'année précédente, les autres rejoignant le Nigeria.

Répression implacable

Le chef de l'État camerounais Paul Biya, 89 ans, qui dirige le pays d'une main de fer depuis près de 40 ans, est accusé par les ONG et l'ONU de mener une répression implacable dans les zones anglophones. Depuis la répression, en 2017, de manifestations pacifiques accusant Yaoundé d'ostracisme à l'égard des anglophones, séparatistes armés et militaires s'affrontent dans un conflit meurtrier qui a tué plus de 6 000 personnes et en a déplacé environ un million, selon le centre de réflexion International Crisis Group (ICG).

L'armée et les groupes séparatistes sont régulièrement accusés d'exactions sur les civils par les ONG. Les groupes armés sont pointés du doigt pour des enlèvements, des meurtres ou des mutilations de civils qu'ils accusent de "collaborer" avec Yaoundé ou avec des responsables de l'administration et des personnalités politiques locales.

"L'utilisation d'engins (explosifs) par les combattants séparatistes n'est pas nouvelle mais elle a pris de l'ampleur depuis l'année dernière", a déclaré à l'AFP Ilaria Allegrozzi, chercheuse au sein de l’ONG Human Rights Watch (HRW) pour le Cameroun. "Les engins explosifs sèment la peur parmi les civils et démoralisent les forces armées", poursuit-elle.

Combattants séparatistes

Dans la ville d'Ekondo-Titi, proche de Bekora et où les combattants séparatistes sont très actifs, quatre élèves et une enseignante avaient été tués en novembre 2021 dans l'attaque de leur lycée par des hommes armés. L'attaque n'avait pas été revendiquée, mais les séparatistes armés ciblent régulièrement des écoles auxquelles ils reprochent d'enseigner en français, et tuent des fonctionnaires, dont des enseignants, qu'ils accusent de "collaborer" avec Yaoundé. Ils enlèvent aussi des élèves qu'ils libèrent généralement contre rançon.

En janvier, le corps d'un sénateur de l'opposition avait été retrouvé criblé de balles à Bamenda, chef-lieu de la région du Nord-Ouest. Un membre du parti du sénateur avait attribué ce meurtre aux "Ambazoniens", terme désignant les groupes armés réclamant l'indépendance des deux régions anglophones sous le nom d'"Ambazonie".

Malgré quelques échanges de tirs à Buea, dans la région du Sud-Ouest, qui ont blessé plusieurs personnes au début de la Coupe d'Afrique des nations de football (CAN), compétition phare du continent, organisée au Cameroun du 9 janvier au 6 février, les menaces des groupes armés de perturber la compétition sont restées lettre morte.

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