Afrique du Sud
Le 16 juin 1976, des milliers d'étudiants noirs du township de Soweto, à Johannesburg, ont manifesté contre l'imposition de l'afrikaans, langue néerlandaise, dans les écoles.
À l’époque, Seth Mazibuko, avait 16 ans. Il était le plus jeune leader de ce soulèvement étudiant qui s’était terminé dans un bain de sang. Près d’un quart de siècle plus tard, il dresse un bilan amer. "Oui, l'apartheid a disparu, ça, je peux le dire. Mais ce que faisait l'apartheid demeure. Le cadre juridique, administratif, législatif de l’apartheid, tout cela a disparu, mais dans la pratique, l’apartheid est toujours présent", dit-il.
À l'été 1976, des élèves se mobilisent pacifiquement pour protester contre la décision des autorités sud-africaines de faire de l'afrikaans une langue obligatoire dans les écoles bantoues. La répression sera meurtrière. Aujourd’hui encore, Seth Mazibuko ne se sent pas libre. "Nous ne pouvons toujours pas respirer. Le genou de ce gouvernement post-apartheid est toujours sur notre cou. Nous voulons juste respirer, en tant que Noirs. Les Noirs ne comptent pas tant que ça dans ce pays pour l'instant", avance-t-il.
Soulèvement
Plus de 100 jeunes ont été tués lors de ce soulèvement, dont Hector Pieterson, âgé de 13 ans. Les images de son corps sans vie porté par Mbuyisa Makhubu, un autre élève, se répandirent dans le monde entier et mirent en évidence la brutalité du gouvernement de l'apartheid à l'égard des Sud-Africains noirs. Lors de l’élection de Nelson Mandela en 1994, son gouvernement a honoré leur mémoire en faisant du 16 juin un jour férié, la Journée de la jeunesse.
"L'Afrique du Sud est un endroit infiniment meilleur qu'en 1976. Les jeunes ont des opportunités qui étaient refusées à leurs parents et grands-parents", a déclaré le président Cyril Ramaphosa, lors d'un événement virtuel de la Journée de la jeunesse, mercredi. Il a toutefois reconnu que 27 ans après la fin de l'apartheid, l'avenir semble sombre pour de nombreux jeunes du pays.
"Nous savons que les défis que nous devons relever aujourd'hui sont nombreux. Près de 64 % des jeunes en Afrique du Sud sont au chômage. C'est une situation qu'aucun pays ne peut se permettre", a déclaré le président sud-africain. Et de promettre que son gouvernement lancerait diverses initiatives pour soutenir les entreprises appartenant à des jeunes, développer leurs compétences dans divers secteurs et créer des opportunités d'emploi.
Violences xénophobes
De tels programmes n'ont que trop tardé, selon Mothibedi Mohoje, un entrepreneur de 35 ans de Soweto qui gère trois cybercafés dans les townships et emploie au moins six personnes. "En tant que jeune Sud-Africain, j'ai vraiment l'impression que notre gouvernement nous laisse tomber. Je pense qu'il devrait soutenir les personnes qui, comme moi, créent des emplois dans les townships", avance-t-il.
"Beaucoup d'entre nous n'ont jamais trouvé de travail et nous avons décidé de créer nos propres entreprises, mais nous ne recevons pratiquement aucun soutien du gouvernement", déclare l'entrepreneur. Selon lui, certains jeunes chômeurs du pays se tournent vers la criminalité et d'autres accusent les étrangers de prendre les emplois, ce qui entraîne des violences xénophobes meurtrières.
À l'occasion de cette commémoration, Mothibedi Mohoje souhaite que les jeunes Sud-Africains aient une meilleure éducation et de meilleures opportunités d'emploi. "Tous les jours, je peux compter 25 à 30 jeunes dans ma rue qui ne font que flâner parce qu'ils n'ont rien d'autre à faire", a-t-il déclaré.
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