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Tchad : l'opposant principal retire sa candidature à la présidentielle

Tchad : l'opposant principal retire sa candidature à la présidentielle
Photo d'archives : Saleh Kebzabo (à gauche) et Ngarlejy Yorongar saluant leurs partisans lors d'une réunion à N'djamena, le 23 avril 2011.   -  
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GAEL COGNE/AFP

Tchad

Le principal opposant au Tchad, Saleh Kebzabo, a retiré lundi sa candidature de la présidentielle du 11 avril en accusant le président Idriss Déby Itno, grand favori pour un sixième mandat, d'intimider ses rivaux par l'usage de la force.

Saleh Kebzabo, à quatre reprise candidat malheureux contre Idriss Déby, a annoncé sa décision au lendemain d'une tentative d'arrestation par l'armée à N'Djamena d'un autre candidat déclaré, qui s'est soldée par la mort d'au moins deux personnes à son domicile. Condamnant dans un communiqué "l'attaque militaire du domicile de Yaya Dillo Djerou", le député de l'opposition dénonce "le climat d'insécurité qui entachera certainement la campagne électorale pour les candidats qui vont affronter celui du Mouvement patriotique du salut (MPS)", le parti présidentiel qui dirige le Tchad d'une main de fer depuis plus de 30 ans.

En conséquence, le parti de Saleh Kebzabo, l'Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR) "décide de se retirer purement et simplement du processus électoral pour ne pas avoir à servir de caution à la mascarade qui se prépare sur une grande échelle". Ancien journaliste arrivé en troisième position à la présidentielle de 1996, Saleh Kebzabo s'était rallié au chef de l'Etat au second tour, avant d'entrer dans son gouvernement. Il y enchaînera les portefeuilles jusqu'à sa rupture avec le président en 1999, qu'il affrontera encore sans succès aux présidentielles de 2001, 2006 et 2016, où il était arrivé deuxième avec 12,8% des voix.

Mandats d’amener

Dimanche, au moins deux personnes ont été tuées au domicile de Yaya Dillo à N'Djamena, selon le gouvernement, quand des militaires ont voulu l'arrêter en vertu de deux mandats d'amener de la justice pour "diffamation et injures" à l'égard de l'épouse du chef de l'Etat. Cinq autres ont été blessées, dont trois soldats, toujours selon le gouvernement. Dans un communiqué, le mouvement de Yaya Dillo, le Front nouveau pour le changement (FNC), assure, lui, que cinq membres de la famille de l'opposant, dont sa mère, ont été tués par un corps d'élite des forces armées tchadiennes.

Cette information n'a pu être confirmée de source indépendante et les autorités n'ont pas donné suite quand l'AFP a demandé si les personnes décédées étaient des membres de la famille de Yaya Dillo. Lundi matin, on ne savait pas si l'opposant avait effectivement été arrêté. Il ne répondait plus aux appels téléphoniques.

Ancien chef rebelle et membre de la même ethnie zaghawa qu'Idriss Déby, Yaya Dillo Djerou avait rallié en 2007 le président dont il est devenu ministre avant d'occuper plusieurs postes de conseiller à la présidence de la République. Il fut ensuite représentant du Tchad à la Commission des Etats de l'Afrique centrale (Cemac) jusqu'en 2020, avant de rejoindre l'opposition. Lundi, quelques blindés, ainsi que des membres de la garde présidentielle et de la gendarmerie nationale étaient encore positionnés sur les axes menant au domicile de Yaya Dillo, a constaté un journaliste de l'AFP.

Internet perturbé

Mais la vie suivait son cours dans le reste de la capitale tchadienne. Aucun dispositif particulier n'était visible autour de la présidence ou du ministère de la Défense. Le périmètre de sécurité imposé par les forces de l'ordre a été circonscrit au domicile de Yaya Dillo et les trois chars déployés dimanche s'étaient retirés lundi. Toutefois, les opérateurs de téléphonie continuaient de tourner au ralenti et l'accès à internet était encore fortement perturbé à N'Djamena.

Depuis plusieurs semaines, le gouvernement interdit systématiquement et réprime durement toute manifestation de l'opposition et de la société civile qui réclament "l'alternance et plus de justice sociale". Amnesty international a dénoncé des "restrictions non nécessaires et disproportionnées du droit à la liberté de réunion pacifique" et des "arrestations arbitraires".

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