République Centrafricaine
De nombreux banguissois restent partagés entre inquiétude et espoir au lendemain du double scrutin présidentiel et législatif. Le spectre de la reprise des violences qui planait sur la capitale avant le scrutin du dimanche semble s'être éloigné. Quant à la vie, elle semble avoir repris son cours normal.
Les élections présidentielle et législatives, que bon nombre prédisaient impossibles à tenir, se sont déroulées dimanche contre vents et marées dans une République centrafricaine en proie à une guerre civile depuis huit ans et menacée par une nouvelle offensive des rebelles. L'avenir est plus qu'incertain, même à court terme.
Le pouvoir du président sortant et grand favori du scrutin, Faustin Archange Touadéra, semble en sortir renforcé. Mais la légitimité de celui qui sortira vainqueur est déjà mise en cause dans un pays où une partie importante de la population a été empêchée de voter, et où l'opposition et les rebelles accusent déjà le gouvernement de fraudes. Les experts redoutent que le pays replonge rapidement dans une spirale d'affrontements sanglants après les urnes.
Trou noir avant les résultats
Des résultats provisoires doivent être annoncés dès le 4 janvier, mais ceux définitifs pas avant le 18. Trois longues semaines, un trou noir où tout est possible. Les bulletins de vote dispersés à travers le pays occupé aux deux tiers par des groupes armés doivent être acheminés jusqu'à Bangui pour être comptabilisés et certifiés.
Aux élections de 2015-2016 remportés par Faustin Archange Touadéra, d'innombrables bulletins s'étaient évanouis dans la nature. Bien avant dimanche, l'opposition et les rebelles dénonçaient par avance les "fraudes massives" du pouvoir pour une victoire du président sortant dès le premier tour. "Ces élections sont partielles, non crédibles et ne respectent pas les standards internationaux", juge Thierry Vircoulon, de l'Institut français des relations internationales (Ifri).
"La fraude de 2016 avait été tolérée et donc légitimée par la population et l’opposition politique au nom de la paix, mais aujourd'hui, c’est toute l’opposition politique qui dénonce des truquages massifs, et qui pourrait bien, en situation post-électorale, soutenir plus directement encore la coalition des groupes armés pour faire entendre son mécontentement", analyse Nathalia Dukhan, spécialiste de la Centrafrique à l'ONG américaine The Sentry.
Légitimité du vote
Après la proclamation des résultats par la Cour constitutionnelle, les recalés de la présidentielle et des législatives auront une dizaine de jours pour contester la légalité du scrutin. En l'absence de majorité absolue, un second tour est prévu le 14 février.
A Bangui, le vote s'est déroulé sans incident et a suscité une forte mobilisation, mais la capitale n'abrite qu'un million d'âmes sur les 4,9 millions d'habitants. Dans les provinces, de multiples incidents parfois violents ont empêché le vote de dizaines de milliers de personnes. Dans au moins douze préfectures, les bureaux sont restés fermés toute la journée du dimanche 27 décembre en raison de l'insécurité.
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