Ethiopie
Le président du Tigré a revendiqué dimanche les tirs de roquettes qui ont frappé la veille la capitale de l'Erythrée frontalière, accusant à nouveau l'armée d'Asmara d'aider l'armée éthiopienne qui combat les forces du Tigré.
"Les forces éthiopiennes utilisent elles aussi l'aéroport d'Asmara" pour faire décoller les avions qui bombardent le Tigré, ce qui en fait "un cible légitime", a déclaré à l'AFP Debretsion Gebremichael, accusant en outre une nouvelle fois l'armée érythréenne d'être engagée dans des combats au sol au Tigré, région du Nord de l'Ethiopie.
Plusieurs roquettes ont frappé samedi les abords de l'aéroport d'Asmara, ont indiqué dans la nuit à l'AFP deux diplomates basés à Addis Abeba, sans pouvoir faire état d'un bilan humain ou d'éventuels dégâts.
Le conflit meurtrier qui oppose le gouvernement national éthiopien à la région du Tigré menace de s'étendre à d'autres régions du deuxième pays le plus peuplé d'Afrique.
Dans une déclaration sur Tigray TV, le gouvernement régional a déclaré que de telles frappes se poursuivront "à moins que les attaques contre les forces armées du Tigré ne cessent".
Il a aussi déclaré que les aéroports de Gondar et Bahir Dar ont été endommagés lors des frappes aériennes éthiopiennes vendredi dernier, ce qui justifieraient l'usage par l'armée tigréenne des dernières armes de son arsenal.
Les combats meurtriers qui ont éclaté dans la région du nord du Tigré le 4 novembre ont fait des centaines de morts du côté du gouvernement fédéral et du gouvernement régional, ont envoyé plus de 17.000 réfugiés au Soudan voisin et ont suscité l'alarme internationale sur une possible guerre civile au coeur de la Corne de l'Afrique.
Chaque partie considère l'autre comme illégale, le résultat d'un mois de discussions au milieu de changements spectaculaires de pouvoir après l'entrée en fonction du premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, lauréat du prix Nobel de la paix, il y a deux ans. Le gouvernement régional du Tigré, qui dominait autrefois la coalition au pouvoir, s'est séparé l'année dernière et le gouvernement fédéral déclare maintenant que sa "clique" au pouvoir doit être arrêtée et son arsenal bien fourni détruit.
Les craintes de ciblage ethnique augmentent. Le gouvernement régional du Tigré, le Front populaire de libération du Tigré, a nié dans une déclaration les allégations selon lesquelles des dizaines, voire des centaines de civils auraient été "coupés à mort" lundi dans la ville régionale de Mai-Kadra. Le massacre a été confirmé par Amnesty International, qui a cité un homme qui aidait à enlever les corps comme ayant dit que beaucoup des morts étaient des Amharas de l'ethnie.
La communauté internationale met en garde contre des tensions ethniques mortelles. Le bureau des Nations unies pour la prévention du génocide a condamné les rapports faisant état d'"attaques ciblées contre des civils en raison de leur appartenance ethnique ou religieuse" en Ethiopie, avertissant que la rhétorique établit une "trajectoire dangereuse qui augmente le risque de génocide, de crimes de guerre, de nettoyage ethnique et de crimes contre l'humanité".
Les communications et les liaisons de transport avec la région du nord du Tigré restent coupées, ce qui rend difficile la vérification des affirmations des deux parties aux combats. Les familles désespérées ne peuvent pas joindre leurs proches, et les Nations unies et d'autres organisations humanitaires mettent en garde contre le désastre car des millions de personnes manquent de nourriture, de carburant et d'autres fournitures.
Il n'y a aucun signe de relâchement dans les combats. Abiy a rejeté les appels croissants des États-Unis et d'autres pays en faveur d'une désescalade immédiate.
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