Inspire middle east
Cette semaine, l‘équipe d’Inspire Middle East vous emmène à la rencontre d’entrepreneurs du monde des affaires et du divertissement, avec la star du RnB Akon, également dirigeant d’entreprise accompli. En Tunisie, nous vous faisons visiter l’usine du tout premier constructeur automobile du pays.
Le festival de l’entrepreneuriat de Sharjah a accueilli pendant deux jours des milliers de participants, dont de nombreux fondateurs régionaux de start-ups. L’occasion pour les chefs d’entreprises et les jeunes entrepreneurs de partager leurs compétences et leurs idées, et même, de lever des fonds.
Selon Najla Al Midfa, l’organisatrice du festival et présidente du Centre d’entrepreneuriat de Sharjah, les 100 start-ups qui ont rejoint sa structure ces quatre dernières années ont reçu un investissement total de près de 50 millions de dollars. Des investissements qui ont augmenté de 30% cette année, par rapport à 2018.
Pour la femme d’affaire, les petites et moyennes entreprises sont un pilier de la croissance des Emirats Arabes Unis : “Les PME sont l‘épine dorsale de notre économie. Une grande partie du PIB non issu du pétrole provient des PME, donc elles ont vraiment un rôle important. Toutefois, je pense que nous n’avons pas encore atteint notre plein potentiel en terme d’entrepreneuriat. Il reste beaucoup à faire”, estime Najla Al Midfa.
Des célébrités et chefs d’entreprises étaient à Sharjah, pour offrir leurs conseils aux jeunes entrepreneurs. Parmi ceux-ci, Akon, le célèbre chanteur de RnB, interprète de Lonely, Beautiful et Locked Up. En plus d’avoir vendu des millions d’albums à travers le monde, le chanteur américain d’origine sénégalaise est un homme d’affaire accompli.
Son programme “Akon Lighting Africa” fournit de l‘électricité verte a près de 600 millions de personnes en Afrique. Et avec sa cryptomonnaie “Akoin”, il espère offrir de nouvelles opportunités aux jeunes entrepreneurs du continent. Grâce à ses ambitions commerciales et ses succès musicaux, Akon a été élu 5e personnalité la plus influente d’Afrique, par le magazine Forbes.
Il a même l’ambition de se présenter, un jour, à la présidence des Etats-Unis. Nous l’avons rencontré à Sharjah, pour en savoir plus sur ses projets.
Akon, un chanteur aux multiples casquettes
Rebecca McLaughlin-Eastham : Akon, bienvenue dans Inspire Middle East. Vous êtes né et vous vivez aux Etats-Unis. Que pensez-vous de la situation politique actuelle, dans la perspective des élections l’année prochaine ?
Akon, chanteur et homme d’affaire : Ça fait vraiment, vraiment, vraiment, peur … J’ai toujours eu l’impression que, lorsqu’il s’agissait du gouvernement américain, nous avions un consensus autour duquel chacun alignait ses objectifs. Là, on en est à un point tel que même les politiciens sont sceptiques quant à la façon dont nous gouvernons, ils se sentent mal à l’aise. On ne se sent tout simplement pas en sécurité.
Vous avez déclaré publiquement que vous ne participerez pas à la course à la présidence en 2020, mais vous n’avez pas exclu 2024. Alors, qu’est-ce qui ferait de vous l’homme de la situation ?
Je pense que si vous vous portez candidat, vous devez servir le peuple, c’est différent d’un autre travail. J’ai expérimenté tout ce qu’un citoyen américain peut expérimenter. Et en tant qu’entrepreneur, je comprends la croissance, je sais comment bâtir une société, et je peux dire la même chose d’un point de vue politique. J’ai conseillé des présidents dans 15 pays africains, et j’ai rencontré des dirigeants politiques partout dans le monde pour toutes sortes de choses. Donc je pense que lorsque vous faites le tour de toutes ces expériences, c’est un excellent point de départ. Parce que j’estime que vous ne serez jamais un leader parfait, tant que vous n’avez pas été dans une position où vous êtes aux commandes.
Revenons à votre rôle de conseiller pour les dirigeants en Afrique. Quels conseils leur donnez-vous ? Quels sont les sujets qui reviennent ?
Eh bien en Afrique, c’est surtout la jeunesse, car 70% de la population a moins de 21 ans. Ils sont donc le futur de l’Afrique et je pense qu’on doit se focaliser sur cette jeunesse, créer plus d’opportunités, subventionner des projets pour favoriser l’entrepreneuriat pour ces jeunes, qui ont de super idées et qui ont besoin d’argent pour démarrer. Tout cela créera une meilleure économie pour les Africains, dans tous ces pays. [La cryptomonnaie] Akoin leur donne non seulement la plateforme, mais aussi les mécanismes pour leur permettre d’utiliser les dernières technologies et d’obtenir la transparence qui manque en Afrique, et qui est à l’origine de toute la corruption actuelle.
Si l’on regarde les PME en Afrique et au Moyen-Orient, est-ce que les jeunes entrepreneurs sont tous confrontés aux mêmes défis ? S’agit-il d’un problème de financement au départ ?
Oui, je pense que le principal défi pour les entrepreneurs, c’est le lancement. Et je pense que beaucoup de sociétés qui seraient en mesure d’investir considèrent ces jeunes entreprises comme étant à haut risque. Ils ont cette règle des “80-20”, où la majorité de l’argent serait perdu, et seuls 20% pourrait rapporter. Ce qui est malheureusement vrai, dans une certaine mesure, parce qu’en tant que jeune entreprise, on a juste une idée et on espère qu’elle ira quelque part. Il faut donc penser de façon stratégique, pour faire quelque chose d’utile à la société. Je pense que si vous faites cela, ça vous donnera de meilleures chances de créer une entreprise prospère, d’une manière beaucoup plus rapide.
Parlons musique maintenant, que pensez-vous de l‘état actuel du hip-hop et du RnB ? Vous avez dit dans le passé que les artistes ne devraient pas courir après l’argent et ni après les contrats de disques. Pourquoi ?
Ce que je voulais dire par là, c’est : ne vous concentrez pas trop sur les maisons de disques ou les contrats, car ça vous éloigne trop de la création, et c’est important de se perfectionner. Les grandes maisons de disques n’iront nulle part. Elles seront toujours là pour vous récupérer quand vous deviendrez connu. Elles attendent simplement celui qui s‘élèvera au-dessus de tous les autres, alors vous devez vous concentrer sur ça. Une fois que vous arrivez à ce niveau, les offres viendront et vous pourrez décider dans quelle direction aller.
Toujours concernant la musique, nous devons parler de Kanye West, l’un de vos contemporains. Si vous vous présentez à l‘élection présidentielle de 2024 aux États-Unis, il sera votre concurrent potentiel. Ce sera la bataille des Titans ou une victoire facile, selon vous ?
(rires) Non, je ne vois pas ça comme une compétition. Je pense que c’est sain pour les Etats-Unis, car si on y réfléchit, avant Obama, personne ne pensait qu’il pourrait être candidat à la présidence. Et aujourd’hui, il y a des gens comme moi et Kanye, qui disent : “Vous savez quoi ? Je me présente”. Donc ça donne de l’espoir, des idées. Et les gens réalisent aussi qu’il y a des choses que l’on peut apporter à notre pays que le citoyen moyen ne peut pas, grâce à notre expérience et notre façon de toujours aller de l’avant. On ne sait jamais, on arrivera peut-être au point où nous serons tous les deux au coude à coude. Alors, je n’hésiterais pas à dire : “Écoute mec, si tu gagnes, je serai ton colistier et si tu perds, je ferai de toi mon colistier, parce que tu es tellement populaire”. Si on est en compétition à la toute fin, je ferais au plus simple et je dirais: “J’ai besoin de toi, faisons ça ensemble”.
WallysCar, premier constructeur automobile tunisien
En Tunisie, deux frères, Omar et Zied Guiga, ont fait le pari fou de se lancer dans l’industrie automobile, bien qu’ils n’aient aucune expérience dans le milieu. En 2006, ils ont créé leur entreprise, Wallyscar, et ont produit la toute première voiture 100% tunisienne.
Une expérience unique, mais juchée d’obstacles. “C‘était compliqué pour être honnête, surtout dans un pays où la culture automobile n’est pas aussi forte qu’en Europe ou en Amérique, raconte l’un des cofondateurs, Omar Guiga. Notre défi c‘était de convaincre les Tunisiens, mais aussi les Européens, de faire confiance à une nouvelle marque tunisienne dans l’industrie automobile”.
Wallyscar produit seulement 350 voitures à l’année, assemblées à la main. Les ventes sont réparties entre le marché européen et tunisien. “_Dans l’industrie automobile, on parle toujours de production de mass_e, explique Zied Guiga, le deuxième cofondateur. Nos voitures sont fabriquées à la main, ce qui n’est plus possible dans les pays industrialisés, sauf pour les voitures très chères. Nous, nous fabriquons des voitures à 15 000€, 100% fait main, donc c’est vraiment unique.”
L’année dernière, plus de 98 millions d’automobiles ont été produites dans le monde, dont seulement 3% au Moyen Orient et en Afrique du Nord. La Chine et l’Europe dominent actuellement le marché, et la demande de véhicules électriques a augmenté de 63 % en 2018 par rapport à 2017.
Pour survivre, les deux frères doivent suivre la tendance, comme le confirme Omar : “Je crois que l’industrie automobile et les constructeurs automobiles s’orientent de plus en plus vers l‘électrique. WallysCar ne veut pas être à la traîne, alors nous développons une nouvelle voiture.”
Selon certains experts, les voitures électriques représentent l’avancée technologique la plus importante de ces dernières décennies dans l’industrie automobile. Le problème toutefois, c’est l’autonomie des batteries : une voiture électrique ne parcourt en moyenne que 200 km, et pour les longs trajets, cela peut vite devenir problématique.
Pour l’heure, la demande de voitures électriques provient principalement du marché européen, mais les frères Guiga estiment que les véhicules hybrides essence-électrique pourraient être la solution dans la région.
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