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A Franceville, le blues pour "Papa" Omar Bongo quand l'or noir coulait à flot

A Franceville, le blues pour "Papa" Omar Bongo quand l'or noir coulait à flot

Gabon

“Papa Bongo nous manque” : A Franceville, des Gabonais regrettent “l’enfant du pays”, le président Omar Bongo Ondimba, mort en 2009, qui a incarné durant son règne les années fastes du boom pétrolier, aujourd’hui révolues.

Franceville, capitale de sa région natale dans le Haut-Ogooué (sud-est du Gabon), s’apprête à commémorer le 8 juin le dixième anniversaire de sa mort avec l’ouverture au public du spectaculaire mausolée marocain où il repose depuis 2014.

Non loin, sur la place de l’Indépendance, une statue imposante et dorée du président Omar Bongo – qui a dirigé le Gabon pendant 41 ans – domine les collines verdoyantes de la ville.

Au pied du monument, deux jeunes filles, smartphones en main, prennent la pose. “C’est papa Bongo, notre papa à tous”, lance Rebecca, une lycéenne de 18 ans.

“On le regrette, c’est grâce à lui, que nous avons eu les routes, les hôpitaux ou encore l’université”, ajoute-elle.

“Quand il était là, il n’y avait pas de problème d’argent”, renchérit sa camarade, Jessica.

Pendant son règne, Omar Bongo a fait de son petit pays d’un peu moins de 2 millions d’habitants un “émirat pétrolier”. C‘était dans les années 70-80, une époque où l’or noir coulait à flot.

Souvent critiqué pour la corruption qui s’y pratique et le manque de redistribution des richesses, le système Bongo a pourtant perduré après sa mort à l‘âge de 73 ans des suites d’un cancer.

Son fils, Ali Bongo Ondimba, alors âgé de 50 ans, lui succède au sommet de l’Etat, mais la conjoncture économique se dégrade.

La chute des cours du pétrole en 2014, plonge le pays dans un marasme économique dont il peine à sortir. Un plan d’aide financière du FMI a été accordé en 2017 au Gabon en échange d’une diminution des dépenses publiques

De nombreux Gabonais font face notamment à des retards dans le versement de leurs retraites ou salaires, d’autres sont confrontés au gel des recrutements dans leur profession.

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Retour à Franceville, où après les cours, la jeunesse locale aime se retrouver place de l’Indépendance, au pied de l’immense statue, pour papoter, danser ou flirter.

Début avril, pourtant, l’ambiance a nettement changé sur cette place.

Alors que des lycéens manifestaient dans plusieurs villes pour protester contre une réforme des bourses universitaires, des adolescents de Franceville ont, eux aussi, brandi des pancartes.

Fait rare, dans cette province acquise au pouvoir, où le parti présidentiel, le parti démocratique Gabonais (PDG), affiche à chaque élection des scores fleuve.

“On regardait la statue, et on se disait que sous Papa Bongo, il n’aurait pas supprimé les bourses !”, explique Rebeccah.

“Mon père est chaque jour de plus en plus regretté, à mesure que la crise économique frappe plus durement les ménages”, confie à l’AFP Anicet Bongo Ondimba, un des fils du président défunt. Omar Bongo a eu 54 enfants reconnus.

Pour le dixième anniversaire de sa mort, des habitants de Franceville doivent se rendre à son mausolée, dont la construction a été ordonnée par son fils, l’actuel président Ali Bongo Ondimba.

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Les préparatifs pour la cérémonie vont bon train dans l’enceinte du mausolée, entourée de fontaines d’eau, décorée de portes dorées et de mosaïques, d’escaliers en marbre.

Des ouvriers tondent la pelouse, d’autres astiquent sols, vitres et poignées d’apparat. Des membres de la garde présidentielle sont venus renforcer la sécurité.

De l’autre côté de la colline, au quartier Benguia II, une lignée de baraques en tôle et de planches en bois, des habitants veulent lui dire au revoir “correctement, cette fois”.

Il y a dix ans, la dépouille du président, décédé dans un hôpital de Barcelone, avait transité de l’aéroport jusqu’au centre-ville. Mais “c‘était de nuit, alors on n’avait rien vu”, se rappelle Edouard Ngouendji, l’Ancien de ce quartier qui n’a jamais connu l‘électricité.

“C’est Omar qui nous a installé la pompe à eau, et qui a construit l‘école du village”, dit-il. Alors ici, “on vote tous PDG” depuis aussi longtemps qu’on s’en souvienne, explique-t-il. A ses côtés, une dizaine de jeunes hommes sans emploi, acquiescent.

Mais l’un d’eux, Franklin Ngoulou, se lamente : “Ali nous a promis de l’emploi et des logements, mais regardez où nous vivons !”.

“Au village, je suis le seul à être passé de l’autre côté”, explique cet homme, arborant un tee-shirt aux couleurs de l’opposition.

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