Cameroun
Le président camerounais Paul Biya, inquiet de la recrudescence de prises d’otages d‘éleveurs dans la région de l’Adamaoua (nord), a déclaré vendredi avoir donné des “instructions fermes” à son armée pour y mettre un terme, selon la TV d’Etat.
“Nos populations, et tout particulièrement les éleveurs (de la région de l’Adamaoua), sont victimes de groupes criminels spécialisés dans les enlèvements avec demande de rançons”, a affirmé M. Biya lors d’une cérémonie dédiée aux nouveaux officiers de l’armée camerounaise arrivés en fin de formation, retransmise sur les médias d’Etat.
“J’ai donné des instructions fermes à nos forces de défense et de sécurité pour mettre un terme à ces agissements répréhensibles”, a-t-il assuré, sans plus de précision. Ce discours a été prononcé alors que les populations de la région de l’Adamaoua affichent de plus en plus leur agacement face à la recrudescence des prises d’otages ciblant principalement les éleveurs.
En trois ans, 311 cas d’enlèvements ont été enregistrés dans cette région, entre 2015 et 2018, selon le rapport d’une association de Mbororo (peuple d‘éleveurs nomades) du Cameroun.
Exécution d’otages, lourdes rançons
Cité par des journaux locaux, ce rapport indique que durant la même période, 70 otages ont été exécutés par leurs ravisseurs alors que plus de 2 milliards de francs CFA (environ 3 millions d’euros) de rançons ont été payés pour la libération des victimes de kidnapping.
L’intervention de l’armée n’a permis que de libérer 29 otages pendant cette période, la plupart des libérations étant consécutives au paiement d’une rançon.
Dans cette région frontalière de la Centrafrique en conflit, de nombreuses bandes armées opèrent depuis des années, kidnappant des éleveurs ou des membres de leurs familles pour ensuite exiger des rançons.
Face à la recrudescence de ce phénomène, beaucoup de villages se sont vidés de leurs habitants ces dernières semaines, selon des sources locales.
Des voix s‘élèvent de plus en plus dans la population de cette région, plus grand bastion de production de la viande de bœuf au Cameroun, pour dénoncer la faible détermination de Yaoundé à combattre les prises d’otages.
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