Burkina Faso
La presse burkinabè a affiché mercredi, dans sa grande majorité, son scepticisme sur les promesses du président français Emmanuel Macron, attendant de voir la mise en œuvre des “belles paroles” d’un “beau parleur”.
“Discours de Macron à Ouaga : + Merlin l’enchanteur + à l’Université Ki-Zerbo”, écrit le quotidien Aujourd’hui au Faso, à propos du “grand oral au campus Ki-Zerbo du N°1 français”.
“Il est venu, il a parlé, et après ?”, s’interroge le quotidien privé Le Pays, estimant “qu’au-delà de la beauté des mots et de l’éloquence de l’orateur du jour, la question que l’on peut se poser est de savoir quelle suite sera donnée au discours du premier des Français”.
Selon le journal, “le scepticisme est grand quand on sait que les prédécesseurs de Macron se sont tous illustrés par des discours du genre, mais qui, au finish, n’ont rien changé dans les relations entre la France et l’Afrique”.
“Depuis Jacques Chirac, tous les présidents ont annoncé la mort de la Françafrique qui, pourtant, leur a tous survécu. C’est donc dire combien est grande la crainte de voir les déclarations d’intention mourir dans de lointains échos”, note le journal, insistant sur sa crainte que “le discours de Macron risque de ne pas être un point de rupture mais juste la continuation de la politique française en Afrique”.
“Grand oral réussi pour Jupiter”, écrit néanmoins à la une L’Observateur Paalga, le doyen des quotidiens burkinabè. Emmanuel Macron, “après une 1 h 41 mn d’allocution et une autre petite heure à répondre aux questions sans tabou, c’est finalement la proie présumée qui saura prendre le dessus sur les fauves qui ont perdu toute agressivité”.
Selon le journal, l’opération de “charme et de reconquête” “d’une population majoritairement hostile à l’ancienne puissance tutélaire aura réussi, car “l’homo communicus” avait pris soin plus tôt de “chatouiller le pays réel où ça le démange en déminant le terrain du campus en annonçant la levée du secret défense sur l’assassinat de Thomas Sankara, sa disponibilité à faciliter toute décision de justice sur la demande d’extradition de François Compaoré et en se présentant comme un anti-impérialiste.
“Ainsi est Macron, sûr de lui et dominateur, un beau parleur et comme tel, il peut être dangereux tant les belles paroles professées ex cathedra peuvent se révéler n’être que de simples effets d’annonce pour enfumer un public qu’on sait hostile.”
Selon le journal, il faudra alors attendre de voir la concrétisation de certaines déclarations + macroniennes + pour se faire une idée plus juste de leur réalité.
Pour tout dire, “il faut prendre le temps de digérer les belles paroles de l’évangile selon saint Emmanuel pour voir l’effet qu’elles produiront avec le temps, en espérant que ce ne sera pas uniquement des effets d’annonce qui vont très vite retomber comme un soufflet dès que l’illustre hôte aura tourné les talons”, conclut le journal.
Pour Morin Yamongbe, l’éditorialiste du journal en ligne Wakat Séra, “Emmanuel Macron est venu au Burkina, il a vu et il a vaincu un environnement universitaire qu’on lui préconisait très hostile”.
Cependant, tempère-t-il, “après le parler vrai, Macron doit agir vite”, le président français doit “assurer le service après-vente (…) de ses promesses sur l’épanouissement de la femme, les visas longue durée, la création de conditions pour maintenir les jeunes sur le continent, la lutte contre le terrorisme, la mobilité, l’éducation adéquate pour les Africains”.
AFP
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