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RDC : le FONAREV amorce la réparation des victimes après 30 ans de conflits

RDC : le FONAREV amorce la réparation des victimes après 30 ans de conflits
Patrick Fata, le directeur général du FONAREV   -  
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République démocratique du Congo

Identifier, soigner, réparer : c’est la mission du FONAREV, le fonds public congolais chargé de venir en aide aux victimes des conflits armés en République démocratique du Congo. À la veille de la Journée nationale de commémoration du génocoste, le 2 août, son directeur général Patrick Fata revient sur les premières actions concrètes menées sur le terrain et sur l’urgence de faire reconnaître à l’échelle internationale les crimes de masse à but économique perpétrés en RDC depuis plus de trente ans. 

Pourquoi le FONAREV a-t-il été créé, et quelle est sa mission principale ?

Le Fonds national de réparation des victimes de violences sexuelles liées aux conflits et des crimes contre la paix a été mis en place pour répondre au drame que vit la RDC depuis plus de trois décennies. Plusieurs types de conflits armés ont touché le pays, causant des violences massives, notamment sexuelles, sur les populations civiles. Le Fonds national de réparation a trois missions principales : identifier les victimes, les accompagner pour un accès à la justice, et leur accorder des réparations, individuelles ou collectives.

Où en êtes-vous aujourd’hui dans l’identification et la prise en charge des victimes ?

En deux ans d’existence, nous avons pré-identifié plus de 400 000 victimes à travers le pays. C’est une étape fondamentale : on ne peut pas réparer une victime qu’on n’a pas identifiée.

En parallèle, nous avons mis en place des mesures provisoires urgentes, le temps que notre stratégie de réparation soit finalisée. Plusieurs actions ont été menées depuis le début de l’année.  

Nous avons déployé des cliniques mobiles dans les camps de déplacés de la Tshopo et de l’Ituri, permettant à plus de 20 000 personnes d’avoir un accès gratuit aux soins : consultations, examens, médicaments. Nous avons aussi pris en charge 174 cas médicaux urgents, où la vie des patients était en danger. Et dans le cadre des réparations collectives, nous avons installé des systèmes d’adduction d’eau pour améliorer les conditions de vie dans plusieurs camps.

Par ailleurs, les premières indemnisations financières ont commencé ce mois de juillet pour certaines victimes disposant de décisions de justice définitives.

D’où viennent ces victimes ? L’est du pays est-il votre principal terrain d’action ?

Pas uniquement. Certes, nos cliniques mobiles ont été déployées dans l’est du pays, notamment en Ituri et Tshopo,  mais nous avons aussi pris en charge des victimes dans le Kasaï ou le Grand Bandundu. Les conflits ont touché l’ensemble du territoire. Cela dit, nous intervenons uniquement dans les zones accessibles. Aujourd’hui, une partie de l’est est sous occupation armée, ce qui complique nos interventions directes. Nous avons signé un partenariat avec le système des Nations unies, qui garde une capacité opérationnelle dans certaines de ces zones. Grâce à nos financements, des aides indirectes peuvent être apportées à ces victimes.

Le 2 août est désormais reconnu comme Journée nationale de commémoration du génocoste en RDC. Quelle est la signification de ce terme, et pourquoi cette journée est-elle importante aujourd’hui ?

Le génocoste désigne le génocide à but économique perpétrés en RDC dans le cadre des conflits armés. Ce terme a été inscrit dans la loi congolaise, mais jusqu’à présent, il ne bénéficiait pas d’une reconnaissance claire à l’échelle internationale.

La journée du 2 août, également instituée par la loi, a pour objectif de rendre hommage aux millions de victimes, mais aussi de prévenir la répétition de telles violences. Se souvenir, c’est aussi poser les bases d’un engagement collectif pour que cela ne se reproduise plus. La mémoire, à elle seule, est déjà une forme de réparation.

C’est dans cette optique que nous avons organisé un colloque scientifique international, réunissant des chercheurs congolais et étrangers, pour documenter les crimes, analyser les faits, et poser les bases d’un argumentaire solide. Il ne s’agit pas seulement de récits ou de témoignages, mais d’un travail de fond pour construire un corpus reconnu au niveau global, permettant de faire reconnaître ce qui s’est passé en RDC. Parce que la reconnaissance des crimes, elle aussi, fait partie du processus de réparation.

Notre vœu le plus profond, même en tant qu’institution de réparation, c’est que la paix revienne enfin dans ce pays. Chaque jour de conflit fait de nouvelles victimes. Nous espérons que les accords en cours aboutiront à des solutions concrètes. En attendant, nous continuons d’avancer, parfois lentement, mais avec détermination.

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